Les évadés fait parti de ces films qui marquent, pour ma part je ne l'ai découvert que cette année et il est un de mes plus gros coups de cœur (si ce n'est le plus gros) comme quoi SensCritique a le mérite d'apporter de bonnes choses, en tout cas de bons conseils d'éclaireurs.
Le film s'ouvre sur le procès d'Andy Dufresne (interprété par Tim Robbins), accusé du meurtre de sa femme et de son amant, cette séquence est entremêlée de flash-back sur le soir du meurtre, où l'on voit Andy désespéré, armé et sous l'emprise de l'alcool. Absolument tout l'accuse, le mobile du meurtre est clair, son alibi ne tient pas la route et il apparaît comme un homme froid, qui a prémédité son geste. En effet, ce n'est pas une balle qu'ils ont récoltés mais quatre chacun, ce qui exclut le crime ionnel et le place comme meurtre violent avec préméditation. Andy Dufresne clame son innocence mais rien y fait, il est condamné à une double peine à perpétuité.
J'adore cette scène d'introduction, très courte elle montre une justice expéditive ne laissant pas de place au doute, et tout le long du film la justice sera expéditive et sans concession.
Andy arrive finalement à la prison de Shawshank, il est tout de suite repéré par Red (le grand Morgan Freeman) qui lit le désespoir dans ses yeux et est persuadé qu'il craquera dès le soir de son arrivée... Il n'en sera rien, pas un son ne sortira de la cellule d'Andy et Red perd son pari.
Cette situation qui peut paraître anodine ou déplacée (du fait de parier sur qui va craquer le soir de son arrivée) constitue en fin de compte un symbole du désespoir des détenus, ils cherchent une distraction n'importe où, pour pouvoir s'évader un instant et le pari de Red lui permet également de se rendre compte de son erreur de jugement sur Andy et lui donne "envie" d'en savoir plus sur lui.
Je ne vais pas analyser scène par scène le film sinon cette critique ne finira jamais...
Je trouve que ces deux scènes quasi collées apportent tous les sujets et sous-sujets du film, à savoir:
L'emprisonnement, la justice, le désespoir, mais aussi l'envie de s'évader et l'amitié (symbolisée ici par les paris).
Le film a un très grand rapport espoir/désespoir, les situations s'enchaînent souvent dans un ordre précis, à savoir un espoir de s'évader (Que ce soit physiquement ou mentalement) qui est tué par une justice et qui conduit ou ramène au désespoir...
Le film parle surtout d'une grande amitié, celle qui se crée entre Red et Andy, ils se respectent et s'apprécient tout autant, chacun apporte son savoir à l'autre et Red étant un peu "le doyen" des prisonniers, il dispose d'énormement de relation, grâce auxquelles il obtient des objets. Il aidera beaucoup Andy, même sans le savoir, grâce à ça et lui fera même des cadeaux totalement gratuits.
Cette belle amitié donne droit à des moments de joie, les prisonniers qui se démènent pour trouver des pierres pour Andy et son jeu d'échecs, Andy ne perdant pas la face devant le pire gardien (le capitaine Hadley) et obtenant des bières pour ses camarades et lui-même.
Il y'a surtout cet acte, ce age magnifique où Andy s'enferme dans le bureau du directeur et e du Mozart dans les haut-parleurs, cette scène est une de mes préférées et la plus magnifique du film. Tout le symbole de liberté et d'évasion musicale est ressenti par les prisonniers et par le spectateur également et Andy montre à nouveau sa grande générosité et sa détermination d'amener de l'espoir, des sourires dans cet univers qui en est dénué.
https://youtu.be/lar5CYolcEU
Un mot pour qualifier la prestation des acteurs serait : exceptionnelle !
Chaque acteur est habité par son rôle, les rôles titres sont excellents, les personnages sont chacun bien travaillés et apportent leurs touches au film. Le directeur Norton et le capitaine Hadley sont les véritables salauds du film, ils n'ont aucun scrupule ni morale, sans trop spoiler.
La réalisation signée Frank Darabont
(Qui réalisera plus tard La ligne verte) est des plus géniales. Le film n'a pas pris une ride, et n'en prendra jamais, la photographie est superbe (l'oscar est mérité), la réalisation est un vrai régal dans l'ensemble, par ses plans larges très bien cadrés, ses plongées et travellings toujours bien exécutés. Les évadés m'a comblé par son histoire et ses images en fait.
J'ai failli oublier la musique, et pourtant elle est magnifique, toujours au bon moment, elle touche avec justesse.
Dépêche toi de vivre ou dépêche toi de mourir...
Pour finir cette critique, j'ai envie de parler du titre, Les évadés en français est très bien choisi, en dehors du spoil c'est une très belle métaphore sur ce que les prisonniers de Shawshank vivent de temps en temps en prison, ils s'évadent par l'esprit et sont libres lorsqu'ils ne pensent plus à leurs sorts, quand ils peuvent jouir d'un plaisir simple, comme boire une bière au soleil, faire une partie d'échecs entre amis, etc...
Quelque part, Les évadés peut parler à tout le monde, chaque personne qui est transporté le temps d'un morceau, qui s'évade en regardant un bon film, et j'en e. Je peux dire que je me suis évadé avec les personnages, ce film est porteur de joie, de tristesse et a un grand message d'espoir également.
Adapter une histoire de Stephen King n'est jamais chose aisée étant donnée la richesse d'écriture, il me tarde de lire la nouvelle pour comparer, mais je pense que le réalisateur a réussi son pari.
C'est un chef d'oeuvre qui se doit d'être vu et revu.
C’est dans une prison que la musique a le plus de sens. On en a besoin pour ne pas oublier. Ne pas oublier qu’il y a des endroits dans le monde qui ne sont pas faits de mur et de pierre, qu’il y a quelque chose en nous qu’ils ne peuvent atteindre, qu’ils ne peuvent toucher, qui est à nous : L’ESPOIR