Cruel Pygmalion

Après avoir vu Les Ensorcelés de Vincente Minnelli, on peut légitimement se poser la question : mais qui est donc Jonathan Shields?
Un salaud, un génie, ou peut-être les deux à la fois?!

Il part de rien, écrasé par un père tyrannique qui vient de mourir et lui a légué son nom, et plus rien ne va l'arrêter, dans sa course effrénée, pour devenir le producteur génial qu'il ambitionne d'être : d'abord le vol pur et simple d'un scénario, puis plus tard, voyant en Georgia, fille d'un grand comédien disparu toute dédiée à ce père, qu'elle déteste et vénère à la fois, SA future actrice, il devient son Pygmalion, tirant partie des failles et blessures intimes de la jeune femme, afin de faire naître LA STAR

Au delà du monde cruel d'Hollywood et du milieu impitoyable du cinéma, c'est le portrait d'êtres non révélés et encore en devenir, que J.Shields, en véritable démiurge, accouche de leur talent, lui que tous respectent et craignent, mais auquel ils doivent tout.

L'homme,cependant, échouera : producteur oui, mais pas créateur.
L'oeuvre doit beaucoup à Kirk Douglas, magistral, et à sa partenaire, émouvante dans son amour trahi, Lana Turner.
Un film fort et prenant.