Production typique de la American International Pictures, Les Crocs de Satan ou La Terreur des Banshee utilise sa star Vincent Price et recycle le thème de la chasse aux sorcières à la fin du Moyen Âge. L’acteur reprend un de ses rôles de prédilection (comment ne pas en effet penser au Grand Inquisiteur ?) où il récite ses gammes de méchant purificateur. Mais dans ce titre, le voilà, lui et sa famille, pris pour cible par une espèce de chien diabolique, résultat d’une malédiction lancée par une véritable sorcière ée entre les mailles de son filet, lui qui en voit partout. Le script a pour lui de s’inspirer de plusieurs éléments pour livrer une histoire qui se veut plus riche que celle d’une simple chasse aux sorcières. L’intention est louable et le résultat plutôt convaincant. Chasse aux sorcières et chasse à l’inquisiteur s’imbrique plutôt efficacement dans un récit qui ne tourne pas en rond et qui multiplie les rebondissements, certains évoquant même ceux du Chien de Baskerville.
S’il bouffe à tous les râteliers et manque parfois d’une véritable identité, le film a ses temps forts, notamment son final qui n’est pas sans évoquer l’univers d’Edgard Allan Poe, cité en ouverture, mais dont l’œuvre n’a ici rien à voir avec les adaptations de Roger Corman. Mais comme souvent avec les films aux multiples inspirations, de nombreuses pistes évoquées sont inabouties et peuvent décevoir le spectateur. Autre point faible évident, le « monstre » (chien ou autre banshee) n’est pas autre chose qu’un triste masque pour enfants qui ne fait jamais illusion en termes de terreur. Le rythme, par ailleurs, manque souvent d’entrain et ne parvient pas à entretenir un suspense qui devrait être la clef de l’ensemble.
Alors, certes, le mystère est là mais les choix scénaristiques sont trop brouillons pour totalement convaincre. La dimension onirique n’est également pas de la partie, les décors se révélant globalement trop pauvres. Il reste, comme toujours dans les productions AIP, des actrices qui nous font de l’œil et la prestation de Vincent Price. En clair, du pur Gordon Hessler, honnête artisan de la maison, mais pas un créateur susceptible de transcender la vision de son récit.