Opéra médièval.

LES CENDRES DU TEMPS REDUX (2008) de Wong Kar-Wai


"Les Cendres du temps" en version redux a pris une ampleur d'opéra romantique, une fresque héroïque, un Wu Xia Pan revisité comme Sergio Leone a changé le western, un long métrage coloré en or comme un tableau de Van Gogh post-impressionniste.

Un film de chevalerie, de sabre, fou, contemplatif qui est touché par la grâce, des images sublimes, des légendes chinoises bouleversantes, par sa musique épique et envoûtante qui donne des frissons, ébaubi devant l'écran dix spectateurs à mes côtés, versent quelques larmes, car si beau ça n'existe qu'au cinéma, la magie opère totalement.

Le cinéaste bien qu’il utilise la plupart des codes du genre (décors, costumes, personnages…) va le pervertir à loisir en transformant le tout en une suite de rencontres, des destins croisés, des triangles amoureux complexes comme on n’en voit que chez lui pour en fort ressortir deux thèmes essentiels: le travail de destruction du temps qui e et l’amour qu’on essaie d’oublier (un vin qui est censé enlever la mémoire, source de tourment...).

Wong Kar-wai maîtrise remarquablement sa caméra, la manipule, créer des effets de vitesse, de ralentis (notamment lors des combats magnifiquement chorégraphiés), des virtuosités esthétiques qui rappellent également la peinture figurative et illuminent ce conte à la fois d'une violence sidérante et d'une douceur infinie.

Un long métrage éblouissant qui réunit un des plus beaux castings jamais réunis à Hong Kong: les deux Tony Leung, Maggie Cheung, Carina Lau, Brigitte Lin, Jackie Cheung, Charlie Young et le très regretté Leslie Cheung. Une œuvre dont certains dialoguent se dégustent comme si c’était les choses les plus importantes qu’on ait jamais entendues…Monument inclassable, un conte médiéval dont on peut rester hermétique mais sa somptuosité éclabousse tous les cœurs de ceux qui veulent aimer, un long métrage mutant, un récit onirique à la terrassante beauté...

Chef-d'œuvre, où la vie c’est le temps qui se consume, les cendres qui restent ne sont que des souvenirs…

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le 12 janv. 2024

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seb2046

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