Ce premier film plein de fantaisie vaut beaucoup pour son personnage principal. Notre Anaïs du titre est en effet une jeune femme pleine de vie, d’espièglerie et de légèreté. Le genre de personne qu’on aimerait avoir pour amie à cause de son naturel, de sa franchise et de sa douce folie. Et surtout le genre de personnage qu’on adore adorer au cinéma, qui vous emporte dès qu’elle apparaît. Et Anaïs Demoustier semble avoir été faite pour le rôle à tel point qu’il semblerait qu’elle ne joue pas mais qu’elle soit la même dans son rôle que dans la vie de tous les jours. Un personnage attachant et agréable donc, qui fait pour beaucoup dans l’appréciation positive que l’on a de « Les Amours d’Anaïs ». Pour ne pas dire tout. Au centre d’un triangle amoureux malicieux et plein d’esprit, elle nous convie à vivre ses amours bisexuels et ses errances sentimentales gravés dans l’air du temps.
Sur la forme, Charline Bourgeois-Tacquet semble emprunter à Eric Rohmer tout autant qu’à Emmanuel Mouret mais elle fait preuve d’un esprit bien plus contemporain sur le fond. La quête amoureuse d’Anaïs est complètement en phase avec les hésitations et les modes amoureuses de nos sociétés occidentales. Sans nous laisser une minute de répit, on suit avec un plaisir certain Anaïs dans toutes ces petites joies et ces petits soucis qui font la vie. Sous la forme d’un marivaudage moderne, « Les Amours d’Anaïs » nous enchante et nous amuse durant une heure et demie d’atermoiements jamais répétitifs. La scène de confrontation finale entre son personnage et celui joué par Valeria Bruni-Tedeschi est intense et belle. Ce qui est dit transpire le vrai. Et la toute dernière séquence est un appel à laisser nos désirs s’exprimer et à les vivre au jour le jour. Le long-métrage se termine donc sur une note du meilleur effet hésitant entre la gravité et l’insouciance.
Il faut cependant souligner que « Les Amours d’Anaïs » n’invente rien et si le film est charmant, il n’en demeure pas moins plutôt classique et c’est surtout sa tonalité solaire, mouvante et enjouée qui le différencie de pas mal d’autres films français du même genre. De plus, on regrette que l’action prenne encore une fois place dans deux milieux bien trop systématiques dans ce genre de productions. On est donc encore dans un milieu bourgeois et encore dans le milieu des élites littéraires. Pas que ce soit gênant au déroulement de l’intrigue mais il faudrait peut-être signifier aux scénaristes français que d’autres contextes sont également possibles et plus représentatif de la population. En attendant, c’est joli, c’est frais, c’est intelligent et on prend vraiment plaisir à suivre les atermoiements sentimentaux de cette Anaïs bourrée de charme.
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