Le crime réunit.

Le jour de la Libération, Daniel Gélin (son personnage, je veux dire) surprend au lit son épouse avec un autre. Fou de jalousie, il va la tuer, mais va ressortir miraculeusement acquitté lors du procès. Il va vouloir fuir ce é sanglant en allant vivre au Portugal, et il va rencontrer une jeune femme au é lui aussi trouble.

Ce film peut être considéré comme un mélodrame, dans le sens où la ion des deux êtres, la femme étant incarnée par la délicieuse Françoise Arnoul, va être compliquée par l'arrivée d'un mystérieux policier de Scotland Yard, joué par Trevor Howard, qui semble suivre cette dernière comme le lait sur le feu. C'est ce qui donne le sel de cette histoire que j'ai trouvé très belle, assombrie par le poids du é qu'ils ont en commun : un crime. Dont le but est de savoir si cette femme l'a commis ou non.
Par contre, il est dommage que, l'histoire se ant au Portugal, le pays soit peu exploité à part deux chansons du cru, et pas grand chose d'autre, excepté une scène marquante où des veuves drapées de noir se mettent à caresser le sable sur la plage pour rassurer leurs morts. Le film est dans le registre du classique, mais il a quelques audaces visuelles, comme suggérer une scène d'amour sur la même plage, où la caméra s'éloigne des deux amants pour faire un plan sur les fortes vagues. Ou alors que Françoise Arnoul apparaisse en chemise de nuit téton apparent, et avec des poils sous les bras. C'est tout bête, mais en 1955, c'est presque une révolution, en plus de montrer cette femme avec un fort caractère. Quant à Trevor Howard, qui se ballade en costume et chapeau, on dirait qu'il sort d'un film avec Eddie Constantine avec son air goguenard, qui semble avoir tout vécu.

Les amants du Tage reste aussi la toute première composition au cinéma de Michel Legrand, à 22 ans, et montre déjà qu'il avait du talent, au contraire de Daniel Gélin dont j'ai trouvé le jeu un peu grave, une sorte de Gérard Philippe un ton en-dessous. Mais il n'empêche que ce film d'Henri Verneuil est une bonne surprise, et préfigure, dans le genre de l'amour fou, ce que sera une autre de ses réussites, Des gens sans importance.