Sorti en 1949 et réalisé par Alfred Hitchcock, Les Amants du Capricorne est une petite curiosité dans la filmographie du maître du suspense. Pour une fois, ce n'est pas un film à suspense, mais un mélodrame social se déroulant au XIXème siècle en Australie, avec en têtes d'affiche les deux immenses stars de l'époque que sont Ingrid Bergman et Joseph Cotten. Mais si ce film a éveillé mon intérêt, c'est surtout pour son tour de force technique, puisqu'il est presque entièrement tourné en plan séquence. Et pour un film de 1949, je peux vous assurer que ça fait son petit effet. Par contre, sur le fond le film déçoit un peu, car le récit est un peu trop balisé et manquant d'émotion, ce qui est d'autant plus dommageable pour un film qui veut s'inscrire dans le drame et le period drama.
Nous suivons les aventures de Charles Adare (Michael Wilding) un anglais qui débarque en Australie pour faire fortune. Il y retrouve Henrietta (Ingrid Bergman) une cousine qui est mariée à Sam Flusky (Joseph Cotten) un ancien criminel irlandais condamné à sept ans de bagne en Australie. Ayant néanmoins réussi dans les affaires, il s'est élevé dans la hiérarchie sociale locale. Mais voilà, son statut d'ancien forçat le met malgré tout, lui et son épouse, au banc de la société sur le plan mondain. Henrietta sombre alors dans la dépression et l'alcool à cause de cela, mais à cause aussi d'un sombre secret ... mais ça, je vous laisserai le découvrir par vous même (ou en zone spoiler).
Alfred Hitchcock oblige, Les Amants du Capricorne est bien, en parti, un film à suspense déguisé en period drama. Je dirais même que c'est un film à double suspense, puisqu'il cache une double révélation finale ...
C'est Milly (la servante) qui, depuis longtemps, la pousse à boire de l’alcool et qui met du poison dans ses breuvages pour la tuer à petit feu. Mais ce n'est pas tout, on apprend aussi que c'est Henrietta qui, autrefois et par accident, avait tué son frère. C'est alors son mari Sam qui s'est accusé à sa place pour lui épargner la lourde sentence.
Le film bénéficie d'un magnifique technicolor qui, additionné au plan séquence intégrale, en fait l'un des plus beaux films sur le plan formel d'Alfred Hitchcock (avec Sueurs Froides bien sûr). Aprés, je ne peux m'empêcher de penser qu'il n'est pas à l'aise dans les films en costumes. Malgré une direction artistique irréprochable, on ne se sent pas transporter par le film, ça manque terriblement d'émotion et de légèreté. Le film est terriblement froid et très bavard aussi. La seule qui apporte un peu d'émotion dans tout ça, c'est Ingrid Bergman, probablement la plus grande actrice de son époque. Ici, une fois de plus, elle est à la fois belle et bouleversante. A contrario, Joseph Cotten m'a semblé moins à l'aise dans son rôle, très effacé et mono expressif.
Bref, Les Amants du Capricorne vaut surtout pour son tour de force technique, pour Ingrid Bergman et pour la double révélation finale qui amène enfin un peu d'intérêt au film. Sinon, le film est assez convenu dans le déroulement de son récit et bien trop bavard à mon goût. Ce n'est pas un mauvais Hitchcock, pour toutes les raisons que j'ai évoqués ici, mais ce n'est certainement pas l'un de ses meilleurs non plus.