Les Amants Diaboliques reste un film culte pour plusieurs raisons. C'est d'abord le premier long-métrage de Luchino Visconti qui en sauvegarda un seul et unique exemplaire.
En effet, cette adaptation "pirate" du célèbre roman américain Le Facteur Sonne Toujours Deux Fois introduit dans la dynamique de son récit des thèmes tabous comme l'adultère, le crime ionnel, le chômage, la misère, le climat policier qui règne dans le pays. Il évoque même la prostitution occasionnelle des femmes sans ressources et l'homosexualité latente qui caractérise la relation entre Gino et l'Espagnol, deux des principaux protagonistes. Des interdits qui attisent bien évidemment les foudres d'un gouvernement prônant l'intolérance la plus totale et la politique ultra réactionnaire.
1943, en plein cœur du Nord de l'Italie. Gino Costa, vagabond au chômage, fait une halte dans une auberge géré par le couple Bragana, Giuseppe et Giovanna. En échange de menus travaux, les Bragana acceptent de loger et de nourrir Gino durant quelques jours. Ce dernier et Giovanna s'éprennent alors l'un de l'autre, deviennent amants et décident d'éliminer le mari gênant…
Doté d'un très maigre budget mais d'une remarquable équipe technique, Les Amants Diaboliques a certainement dû être un véritable choc artistique pour ses spectateurs en 1943. Viscontiavait su conserver un rythme métronomique. Tâtonnant parfois, comme la plupart des cinéastes débutants, certaines longueurs auraient pu être évitées avec plus d'expérience et alourdissent de pertinents thèmes qui n'en demandaient pas tant. Des bémols qui vieillissent considérablement un métrage de qualité, telle la vieille photo jaunie d'un joli paysage.
L'œuvre reste néanmoins mythique et suggère un érotisme aussi torride que celui, encore plus osé, qui fut soumis entre Fay Wray, créant ainsi l'une des plus malsaines histoires d'amour jamais portées à l'écran. Culte, on vous dit.