C'est un fait : Les aigles de la République est moins spectaculaire et bien moins prenant que La conspiration du Caire et ses dernières séquences, certes brillantes mais démonstratives, laissent sur une impression un tantinet mitigée. Autre déception : le rôle trop maigre confié à Lyna Khoudri, dont le talent méritait mieux. Mais voilà, Les aigles de la République est un film d'hommes, puisqu'il montre les coulisses du pouvoir d'un régime égyptien aux allures de dictature, que le prisme fictif du plus grand acteur du pays, véritable pharaon de l'écran, permet de cerner avec une efficacité implacable. Le réalisateur, Tarik Saleh, lâche ses coups avec brio, dans cet univers corrompu où certaines offres ne se refusent pas, même quand on est une star adulée. Le film tourne en ridicule cette pantomime et l'on en rit bien volontiers car le récit est très malin et cinglant, même si la situation est des plus désespérantes, pour ne pas dire plus. La dénonciation politique est criante de vérité et le film s'en éloigne parfois avec des scènes plus sentimentales qui ne sont cependant pas les plus probantes. Mais Fares Fares reste toujours aussi charismatique, dans un rôle pas si simple à jouer, auquel il apporte toute l’ambiguïté nécessaire, ne craignant même pas les moments comiques où le pharaon semble plus proche d'un citoyen servile et pas loin d'être grotesque.