Le pied-tendre chez les fripouilles

Film d'un cinéaste que je ne connais guère, Louis Daquin. Le film a été tourné en 1943 et est l'adaptation d'un roman de Simenon paru en 1941. Je ne connais pas le roman mais l'atmosphère sombre du film et cette idée de "revanche" des faibles contre les nantis me paraissent de nature à devoir rechercher ce livre …

Le scénario raconte l'histoire d'un jeune homme de 19 ans devenu orphelin qui revient dans la ville d'origine de sa famille. À peine arrivé, il découvre qu'il est le seul héritier de son oncle, un homme d'affaires, en apparence dur. Il se heurte aussitôt à un groupe de notables qui semble tenir la ville mais aussi avoir été en étroites affaires plus ou moins occultes, plus ou moins propres avec l'oncle.

Malléable et manipulé au début, le jeune homme prend rapidement de l'assurance et tente de s'imposer au groupe de notables appelé le "syndicat" …

Notons que le scénario et les dialogues sont de Marcel Aymé et que la musique est de Désormière : ce sont des éléments qui sont susceptibles de donner une belle ossature au film.

En ce qui concerne la distribution, Louis Daquin a visiblement choisi de ne pas déstabiliser le public en attribuant les rôles à des acteurs et actrices bien typés.

Si je dis Jules Berry, Gabrielle Dorziat et Louis Seigner, on ne s'étonnera pas que ces acteurs jouent des rôles éminents dans le "syndicat" : Jules Berry en un personnage cauteleux et vicieux, Gabrielle Dorziat, en venimeuse vipère et Louis Seigner en notaire marron …

Si je dis maintenant Jean Desailly, surtout jeune, on voit un homme idéaliste, doux rêveur, gentil. Le jeune homme qui vient d'hériter et qui va se battre contre le syndicat, c'est évidemment lui.

À ses côtés, on trouvera Simone Valère (sa future épouse au civil) et surtout une actrice que je ne connais pas du tout, italienne d'origine avec un charmant petit accent, qui impose sa présence tout en faisant partie du clan des faibles : Assia Noris.

Reste quelques rôles "entre deux" avec Reggiani, jeune aussi, en mauvais garçon, Jacques Castelot en bon vivant pas clair et Simone Signoret dans un rôle de quasi figuration …

Les acteurs, un peu manichéens faut bien dire, forment un ensemble cohérent et très crédible. L'acteur qui m'a paru tirer son épingle du jeu dans un rôle évolutif et qui finit par forcer le respect, c'est bien sûr Jean Desailly.

Film sombre mais tout-à-fait intéressant où on prend plaisir à suivre les aventures d'un pied-tendre au milieu de vieux renards souriants et faux comme des jetons.


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le 5 févr. 2023

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JeanG55

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