Dans un Japon au comble de la guerre, où l'empereur est élevé au rang divin et où tous les citoyens sont ces sujets, l'ombre portée de millions de morts et des deux bombes atomiques forgent le destin d'un homme qui retrouve son humanité. En proie au doute, avec l'ennui que suscite une fin en soi, les sujets restent dépossédés de leur conscience, serviles à souhait. Assisté d'un scribe, lui-même épuisé, le portrait digne d'un Hirohito humilié consigne les derniers instants pour la mémoire historique. Pourtant...
Plus rien n'a d'importance dans cet univers clos et encerclé par l'américain triomphant. Plus rien ne se joue, pas même les décisions prises dans les bunkers. Comme un songe imible, l'empereur retrouve peu à peu ses vertus poétiques après une vague de psychose. C'est ainsi que le Japon incarné rédige un testament, le testament de son dieu vivant un soir d'une pleine lune faustienne. Plus que le chemin, beaucoup apprécié ici, je tiens à souligner l'interprétation et l'ambiance sonore qui est pour beaucoup. Cette dernière confine l'atmosphère dans les larsens de la radio, dans le bruit de la ventilation, dans le balancement d'une horloge invisible.
La force du film est tout de même d'observer cette invasion américaine, une énième métastase, qui ne crée pas de troubles majeurs dans le Palais impérial - ce qui permet d'aller au-delà des antagonismes présupposés de la guerre du Pacifique.