Quarante ans pour en arriver là

Au début des années 2000 le cinéma nippon dépoussière le genre


jidai-geki
(drame historique, impliquant quasi-systématiquement des samouraïs) qui a fait ses beaux jours durant longtemps et notamment pendant l'âge d'or des années 1950 au début des années 1960, avant de tomber peu à peu en désuétude. Ce Samouraï du crépuscule (2002) et sa suite (La Servante et le samouraï, 2004) en sont des illustrations, mais je pourrais aussi évoquer leMibu Gishi Den (2002), Après la pluie (1999), Tabou (1999), le remake de Zatoichi (2003), etc. Sauf que là où le jidai-geki offrait le meilleur du divertissement avec Sanjuro, Kiru!, ou Zatoichi le masseur aveugle et véhiculait des messages forts qui interpellaient le monde du cinéma (Harakiri), quarante ans plus tard Yôji Yamada n'est plus capable que d'offrir un spectacle tiède et sans saveur.

Réalisation très classique, photographie terne, bande-son abominable de notes de flutes que l'on obtiendrait aujourd'hui avec l'intelligence artificielle en promptant de la musique pseudo-zen pour s'endormir. Quant au propos, c'est tout aussi léger et joue avec beaucoup trop d'insistance la carte du pathos : le samouraï veuf qui a la charge d'une mère sénile et de deux gamines qui ressemblent à des paysannes nord-coréennes, lui-même loqueteux et sale (qu'on se le dise, une situation impensable à la cour d'un seigneur, même en cette période de Bakumatsu...). Il va sans dire que ce pauvre hère est la risée de tout le château jusqu'à ce qu'on lui découvre un talent caché, disciple d'un maître du sabre c'est en fait un superbe bretteur. Puis dans un enchainement de circonstances improbable, on lui confie la tâche de débarrasser le clan d'un samouraï entré en rébellion. Il faudra m'expliquer à quoi servent les samouraïs qui encerclent la maison, mais peu importe, je ne vais pas bouder mon plaisir de voir une scène d'action après quasiment deux heures de purge ! Mais encore raté : c'est verbeux, comme si nous n'avions pas été rassasiés de misère, le réalisateur fait dire des âneries à notre pauvre homme avant de nous libérer sur un duel très convenu mais assez nauséeux, à cause de l'emploi d'une caméra non stabilisée.


Les deux dernières minutes sont inables, la narratrice a pris 60 ans et se recueille sur la tombe de ses parents, histoire que ceux qui n'auraient pas encore versé leur petite larme puisse le faire à ce moment. Générique de fin, ouf la délivrance ! Non, même pas, on a le droit à une chanson pop invraisemblable ! Trop c'est trop.

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le 26 nov. 2024

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Yushima

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