Le film raconte quelque chose de très classique. Une vie de famille étatsunienne moyenne, avec le père (Aidan) complètement immature qui n'a pas encore vraiment compris son rôle de père, la mère (Sarah) beaucoup plus terre-à-terre qui assume plus ou moins seule toute la charge du foyer (et qui est la seule à avoir un vrai métier), les deux enfants, l'oncle geek qui vit dans sa caravane et le grand-père, ancien universitaire sévère. Et, bien entendu, un événement grave va déclencher la remise en cause de tout cet univers : le grand-père est mourant.
Comme dans Garden State, il y a un côté décalé dans l'univers de Zack Braff. Décalé le personnage du père, qui se prétend acteur mais foire toutes ses auditions (au point même de donner des tuyaux à ses concurrents). Décalée sa réaction face à l'annonce de la maladie de son père : Aidan s'inquiète alors de l'éducation de ses enfants, dans l'école juive orthodoxe. Décalé le vieux rabbin à moitié sénile, qui s'éclate en découvrant YouTube et se déplace (plus ou moins bien) en roulettes. Décalé tout ce monde où on s'enfonce dans les rêves de personnages-gamins, de Peter Pan refusant catégoriquement de devenir adultes.
Et pourtant, que ces personnages sont émouvants derrière leur façade un peu ridicule ! Et c'est là la grande force de ce film : faire des portraits sensibles, à la fois drôles et profonds, sans jamais tomber ni dans la caricature ni dans le mélo.
Alors, bien sûr, on n'échappe pas aux poncifs du genre (réconciliation familiale attendue autour du lit de mort du grand-père, un petit air de "il faut accomplir ses rêves", etc). Mais par sa narration et ses personnages, Zack Braff signe un film vraiment sympathique, et personnellement je n'ai pas pu y résister.