Escroc un jour, escroc toujours
"There was a crooked man", voilà un film dont je ne savais que peu de choses : Kirk Douglas devant la caméra, Joseph L. Mankiewicz derrière, et une bonne réputation pour un film datant de 'quelques' années. Première surprise : il s'agit d'un western. Seconde, il s'agit d'une comédie. Troisième, un film de prison. Quatrième, Henry Fonda est aussi au rendez-vous (je pourrais ajouter cinquième, Warren Oates).
Le scénario est franchement bien fichu. Une intrigue solide et des personnages bien exploités, approfondis. Ce qui étonne, c'est l'ambiance. Très amusante durant 1h30, puis l'hécatombe... à savoir un pessimisme d'une noirceur insondable de par ce message déprimant : on ne peut pas changer quelqu'un de foncièrement mauvais, une crapule reste une crapule. Pire, même les bons finissent par flancher. C'est assez dur. Et l'aspect comique qui ouvre le film en dépit de scènes horribles (la scène d'intro de Kirk montre bien que son personnage est un sal type) ne fait que renforcer ce sentiment négatif. Mankiewicz , heureusement, se montre jusqu'au-boutiste dans l'âme et ces retournements de situation, cette non évolution qui fait froid dans le dos ne paraît que légitime.
La mise en scène est solide elle aussi. De bons plans, des petits coups de zoom sympas, un découpage qui participe de l'humour du film et des acteurs en pleine forme. Et puis en plus les rares gonzesses sont plutôt mignonnes. La photographie n'est pas spécialement marquante, par contre. La musique l'est, grâce à cet air un peu loufoque pour un western, il y a une forme de décalage permanent.
Bref, "There was a crooked man" est une comédie efficace et qui se révèle sombre dans sa dernière demie-heure, de quoi nouer la gorge du spectateur. C'est drôle c'est beau, c'est fort.