Beyrouth, 1982. Une cité meurtrie, déchirée par une guerre civile qui dure depuis près de dix ans. Décider de monter une pièce de théâtre dans cette ville fracturée en factions ennemies qui s’entretuent sans épargner les civils, relève à la fois du pari insensé et de l’inconscience. Et ce, d’autant plus lorsque chaque acteur choisi doit provenir des différentes faction engagées dans le conflit.
D'ailleurs, rapidement, le film délaisse le terrain de l’art du théâtre pour plonger dans celui de "l’art de la guerre", si l’on ose s’exprimer ainsi quand on parle de la guerre. Les pérégrinations du metteur en scène étranger à ce contexte guerrier, s’apparentent à une véritable épreuve. La réalisation, tendue et sobre, évite les artifices, malgré quelques digressions narratives superflues. En toile de fond, les massacres des camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila, situés à Beyrouth-Ouest, hantent le récit et lui confèrent une gravité incontestable.
Le jeu des acteurs, en harmonie avec la tonalité du film, amplifie son impact emotionel. On ressort de cette projection profondément ébranlé. Aucun refuge n’est offert au spectateur, et ce qui est décrit résonne avec la situation actuelle du Liban, jadis si hospitalier, qui, depuis un demi-siècle, subit le chaos et le deuil.
Le quatrième mur est un film sobre, qui invite à la réflexion sans jamais sombrer dans l’outrance ou le dolorisme. Si son sujet initial peut paraître un peu fragile, le glissement narratif opéré lui confère une authenticité poignante.