Alors que nous avons déjà pléthore de films sur les rapports entre élèves et professeurs créant à lui seul un sous-genre cinématographique, Chad Chenouga met en lumière une profession peu mise en avant sur grand écran jusqu’à présent : le principal.
Cette nouvelle approche scénaristique permet au public de découvrir autrement l’Education Nationale qu’à travers le prisme réducteur des profs/élèves, tout en relançant l’intérêt des spectateurs pour regarder ce type de films.
Le premier ayant initié cette mouvance est La Vie Scolaire réalisé par Grand Corps Malade et Mehdi Idi montrant le quotidien des AED et E dans un établissement. Cette démarche est payante si on regarde son éloquent succès critique et public. Ici, on est clairement dans cette continuité salutaire avec ce nouvel essai.
Tout au long du film, nous découvrons la personnalité et les motivations de ce principal afin de comprendre ses choix et actes le rendant plus humain, que l’apparente perfection qu’il arbore dans sa fonction. Il est joué par un Roschdy Zem vraiment impressionnant dans la maîtrise de son personnage.
J’ai été agréablement surpris par la prestation de Yolande Moreau nous offrant un portrait touchant d’une femme, parfois maladroite, provoquant des moments cocasses à certains moments. Et ceci tout en gommant son coté décalé et exubérant habituel de ses personnages.
J’ai découvert également de nouvelles têtes comme :
Hedi Bouchenafa interprétant, avec un naturel déconcertant, son frère donnant un faisceau d’indices expliquant l’aspect discret du principal sur sa vie privée.
Jibril Bhira incarnant le fils subissant l’emprise psychologique de son père
Choisissant délibérément une mise en scène proche du documentaire et, en restant le plus souvent au plus prés de son personnage, l’aspect réaliste ressort d’autant plus dans cette libre adaptation de ce fait divers. Rien n’est laissé de côté en abordant l’intégralité des aspects professionnels, familiaux, conjugaux face à une Marina Hands déterminée, amicaux, de manière efficace, pour avoir une idée précise de qui est vraiment ce principal.
A travers cette intrigue, les scénaristes (le réalisateur et sa femme, Christine Paillard) s’attachent également à décrire comment la ion de la littérature peut être le vecteur d’une amitié très forte entre deux individus se respectant mutuellement, tout en ayant un impact dans nos choix à des moments charnières de notre existence.
Plus surprenant encore, ils nous montrent également comment l’inspection académique gère des situations délicates pour sauver, dans certains cas, son personnel. Et cela, tout en évitant de salir l’image d’un établissement ou de l’Education Nationale. Parfois, les moyens choisis ou mis en œuvre peuvent être très discutables. Au final, le spectateur est libre de se faire son propre avis sur la question au moment où le générique de fin arrive !
Pour son troisième long métrage, Chad Chenouga propose une vision alternative et intéressante du monde scolaire français, contrairement à ce que l’on nous sert habituellement ces dernières années au cinéma. Le principal est de le voir. ^^