Entre 1950 et 1955, Anthony Mann a mis en scène cinq (splendides) westerns et deux films avec comme acteur principal James Stewart. "Thunder bay" (ou le port des ions pour la VF) est un de ces deux autres films montrant James Stewart dans un autre registre.
Le scénario raconte l'aventure d'un ingénieur qui se bat, au sortir de la seconde guerre mondiale, pour mettre en œuvre l'idée qu'il avait étudiée avant-guerre, qui consiste à extraire du pétrole en mer, au large des côtes de la Louisiane. Au-delà des difficultés pour convaincre et trouver un financement de l'investissement, il doit affronter les pêcheurs locaux de crevettes qui craignent pour leur survie professionnelle.
En somme, c'est l'illustration du débat entre les risques potentiels engendrés par le progrès et la préservation de la nature. On peut regarder ce film comme une vraie curiosité car aujourd'hui, je pense qu'il rencontrerait quelques difficultés à cause du sujet (le pétrole) et de sa conclusion puisque, à la fin, pétroliers et pêcheurs finissent par trouver un gentleman agreement, les deux corporations faisant fortune… J'imagine trop bien les cris d'orfraie de beaucoup de gens aujourd'hui …
On pourrait aussi dire que l'époque évoquée est tout aussi héroïque que celle décrite dans les westerns puisqu'on y développe ce fameux esprit pionnier cher au développement des US.
Le film reste intéressant par la mise en scène d'Anthony Mann de plusieurs scènes captivantes comme celle de l'ouragan sur la plateforme ou encore les manœuvres techniques pour isoler le puits lorsque se produit la montée de l'eau qui est un signe précurseur de l'arrivée du pétrole. On retrouve bien ici le savoir-faire d'Anthony Mann dans les scènes d'action y compris les inévitables bagarres au bistrot, pardon, au saloon… Ici, ce n'est plus des cow-boys contre des indiens. C'est plutôt les ouvriers de la plate-forme contre des pêcheurs.
J'ai dit aussi qu'il y avait James Stewart qui est comme d'habitude, l'homme franc, honnête, obstiné, capable de s'enflammer comme du bois sec. En bref, c'est le James Stewart qu'on aime bien.
Son acolyte est interprété par Dan Duryea, un second rôle qu'on retrouve souvent à cette époque, qui a tendance ici à cabotiner un peu.
Par contre, le personnage interprété par Joanne Dru, très bonne actrice qu'on croise régulièrement chez Hawks, Thorpe ou Ford m'a paru assez inconsistant. C'est un peu dommage car elle aurait mérité mieux.
Au final, c'est un film qui se regarde et qui est même intéressant au moins pour son aspect historique et technique. On pourrait reprocher toutefois que le film est un peu trop construit autour de l'excellent James Stewart, ce qui ne laisse pas assez de place aux autres.