La tragédie grecque antique, version Mafia
Et dire que Sergio Leone était pressenti pour tourner Le Parrain. Je n'ose pas imaginer l'absolu chef d'œuvre qui aurait pu en découler, notamment avec son compère Ennio Morricone aux manettes de la trame sonore...
Françis Ford Coppola n'était cependant pas un manchot, et le Parrain est un des joyaux de sa filmographie, un film emblématique du renouveau d'Hollywood.
Plutôt que de faire une critique du film en tant que tel, ce qui a été fait et refait sur Senscritique par des gens bien plus doués que moi sur le plan cinématographique, j'aimerai repositionner Le Parrain dans l'histoire d'Hollywood.
Le Parrain est le porte étendard du renouveau d'Hollywood, une période dorée où, la télévision s'étant répandu comme une trainée de poudre dans les foyers américains. La liberté artistique, le non politiquement correct et un genre de violence inédit dans les salles obscures était par conséquent encouragé pour faire revenir le public. La survie des vendeurs de pop corn en dépendant !
Les studios Hollywoodiens n'étaient plus que des noms à l'époque, rachetés pour beaucoup par... la mafia, qui tournait notamment à des heures non conventionnelles des films pornographiques sur les plateaux. Les cinéastes indépendants étaient alors légions, avec Francis Ford Coppola en chef de file.
On découvre dans un excellent documentaire dont j'ai hélas oublié nom et références que Le Parrain est une commande à peine voilée de la Mafia qui souhaitait redorer son image à Paramount. Ils surveillaient discrètement le tournage, pour être sûrs qu'une certaine "image" de la mafia italienne soit respectée, encensée...
Là où Coppola fait très fort, c'est qu'il fait d'un film de mafia au scénario somme toute classique une véritable tragédie au sens antique du terme. Tout est théâtral et dramatique, splendide de retenue et de dialogues déclamés avec fougue et ion...
Je vais éviter de déblatérer mon amour absolu pour ce film, auquel je n'attribue pas 10 cependant, ayant, je l'ets (ne me lynchez pas), une préférence pour le traitement plus "cru" de la mafia dans les films de Scorcese.
Mais le Parrain est un must, un monstre sacré du cinéma, qu'il faut avoir vu absolument dans sa vie pour ne pas l'avoir indubitablement raté.