Ordinary Heroes

Voici l'archétype du film indé américain branchouille estampillé Sundance. BO léchée, image un peu vintage, tout joli mignon, un héros "boy-next-door" mais dont le é cache des éléments peu anodins, Ezra Miller...
Bref, le genre de films que la critique encensait il y a 5-7 ans (Little Miss Sunshine, au hasard) et qui aujourd'hui a tendance à hérisser leur poil, sous prétexte que ça n'invente pas la pluie, que c'est faussement sincère, etc.

J'entends ce genre d'arguments, mais ici, tout ou presque fonctionne. Et la critique, dans sa globalité, s'y laisse aussi prendre. Difficile en effet de lutter contre un casting irréprochable et irrésistible : Ezra Miller, toujours aussi androgyne - et ici gay - avec sa voix et son visage si particuliers (un futur grand je vous dit), la sémillante Emma Watson et bien sûr le jeune et très mignon Logan Lerman.

J'ai aimé ce film.

Je reconnais que son pouvoir de séduction e pour moi beaucoup par son casting (tout le monde est beau ou a un look dans lequel je me reconnais), et par la musique. C'est là l'autre point inévitable : comment ne pas aimer un film qui utilise (et bien) des monuments comme The Smiths, Sonic Youth, David Bowie (avec un running gag délicieusement croustillant), XTC, les Cocteau Twins ou New Order ? Ce ne sont d'ailleurs par les plus utilisés - Bowie mis à part. Bref, pour moi tout relève du plaisir, et les défauts (indéniables sans doute) du film, sont largement compensés par l'immense plaisir que me procure la vision de ce long métrage.

Autre point : l'hommage rendu à un film culte et qui compte énormément pour moi : le Rocky Horror Picture Show. Des extraits du film sont présents, de sa bande-son aussi, et surtout le film rend compte de l'aspect culturel du RHPS depuis sa création et aujourd'hui, avec ces troupes qui rejouent en même temps que le film est projeté son action et ses chansons. Et voir Ezra Miller en Frank n'Furter ou Logan Lerman en Rocky, ça ne se refuse pas.

Ceci étant dit, et pour ceux que l'aspect "petite futilité mais grand plaisir" ne convaincrait pas, le film possède également des qualités plus objectives. Les acteurs SONT bons, point. La photo est soignée, malgré l'effet "joliesse orangée" un peu systématique. La mise en scène est plutôt inventive, entre cadrages précis et élégants et séquences au montage syncopé, hypnotique, pour rendre compte des "visions" de Charlie. Et, détail important, le film se e vers la fin des années 1980, mais, et c’est très rare, il est filmé comme s'il se ait de nos jours, sans aucun effet "nostalgique" appuyé si ce n’est l'omniprésence de la musique (mais ça ne peut me choquer, la musique tenant dans ma vie une place au moins aussi importante que dans celle des personnages).

Bref, avec un peu d'indulgence pour le côté Sundance qui peut énerver, voilà un petit film sans prétention, bien ficelé, joli, drôle, émouvant, qui fait du bien quand ça va mal.
8
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le 18 janv. 2013

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Krokodebil

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