Pour un premier film, je trouve que c'est plutôt réussi, avec une justesse de ton et de point de vue très bien sentie. Sans doute parce que ce film est très largement autobiographique; je craignais un peu le Paris de carte postale, force est de reconnaitre qu'il n'en est rien. La ville est magistralement filmée, souvent de nuit, dans toute sa grouillante inhumanité. Ça, c'est surtout en début de film, avec de bref flashes et puis peu, les personnages prennent de la consistance et s'enchainent alors des scènes, parfois comiques, parfois touchantes qui amènent gentiment le spectateur vers une fin réussie, et heureuse.
Le point de vue social est évidemment omniprésent et constitue à mes yeux un très bon aperçu de la situation dans laquelle se trouve la jeunesse urbaine - non issue d'un milieu favorisé, bien entendu - d'aujourd'hui. La course au pognon, la débrouille et l'obligation de er sous les fourches caudines de tout un tas de crétins bien installés dans les chaines de valeur et dans le système. Agent littéraire ou immobilier, éditrice, manageuse d'un magasin d'optique : c'est d'ailleurs principalement lorsque ces personnages apparaissent que se déclenche le rire, tant ils sont montrés dans toute leur fatuité imbécile, virant aisément à la toxicité. Sans oublier le discours de maire à la fin, un vrai morceau de choix.
Le monde après nous est naturellement un film d'apprentissage. Apprentissage de la vie dans la de 2022, avec tous ces personnages secondaires évoqués ci-dessus. Apprentissage de l'amour, également, puisque le film est à n'en pas douter une comédie romantique. Dont la principale qualité est de ne jamais tomber dans le mièvrerie, ni dans les clichés. L'histoire d'Elisa et de Labidi sonne juste, elle est touchante et tourmentée juste ce qu'il faut. C'est probablement dans cette histoire qu'il faut chercher la clé du titre du film, un peu bizarre et vis à vis duquel le réalisateur se laisse d'ailleurs aller à l'autodérision. L'amour, le nous, d'abord. Le monde après. Et qui nous courre après. Et là, à cet instant, je monte ma note à 8.
Car plus que tout, ce film est une ode à l'espoir intact que porte la jeunesse en elle. A une génération qui porte nos ultimes chances de ne pas sombrer définitivement en enfer.