Le Hobbit : Les deux désastres
En fait je le sentais venir. Ce moment où le charme allait être rompu. Inconsciemment, je repoussais le jour où j'allais me rendre dans une salle de cinéma pour voir cette suite dont les affiches de promotion montraient TOUT sauf... Un hobbit. Déjà à la base, ça me gênait un brin. Cependant, j'avais é un bon moment devant "The Hobbit : An Unexpected Journey", le risque me paraissait moindre. Je n'ai cependant qu'à m'en prendre à moi même, tout ce qui ne va pas dans ce second opus était déjà présent dans la première mouture de Peter Jackson. En plus gros, plus lourd, impossible à ignorer cette fois-ci.
Par où commencer ? Résumons ça en deux grands volets. Le fond d'abord, la forme ensuite.
Le fond donc. Déjà, le gros point noir de cet opus - toujours dans la continuité du premier - c'est l'absence de suffisamment de matière dans le livre d'origine pour justifier la réalisation d'une trilogie. Du coup ce scénario au long cours, c'est comme de la confiture, moins Peter Jackson a de matière, plus il l'étale. Et parce qu'il n'en a vraiment pas assez, il continue de mélanger les confitures le bougre. Des confitures qui ne marient pas bien du tout, forcément. Déjà, de grosses tartines de "Sauron le retour", encore et toujours. C'était fallacieux lors du premier opus, c'est carrément indigeste durant celui-ci. Ensuite, une belle tranche d'intrigue elfique qui déborde de partout. Et si le caméo à rallonge de Legolas en mode rambo, on pourrait presque pardonner, caser une elfe rousse qui trouve le moyen [SPOILER] de conter fleurette à un nain (sans barbe, on le rappelle) [FIN SPOILERS], c'est tellement... Tellement... En fait c'est le moment où j'ai touché le fond.
La forme ensuite... Où est ée la Terre du Milieu ? Sincèrement ? Les paysages qui font rêver ? les perspectives à couper le souffle ? Les décors ahurissants ? La musique d'Howard Shore qui épouse les tableaux proposés par une caméra sage ? Hélas, mille fois hélas, Peter Jackson l'a perdue dans une bouillie numérique que le spectateur traverse - attaché à un wagon de grand-huit propulsé par une fusée pétaradante - à la fois ennuyé et asphyxié par ce trop plein persistant. Oh, la bouillie numérique est de très grande qualité, Weta Digital confirme son statut de mastodonte des effets spéciaux, mais un vrai brin d'herbe de temps en temps, c'eut été sympathique...
Malgré tout ça, j'ai pris un plaisir fou à un moment très précis du film. L'apparition de Smaug. Au delà de son aspect visuel bluffant - en voila un vrai bon dragon à l'ancienne - je vais sans vergogne faire mien le propos de @Gozer : "On sent le personnage qui kiffe son job de méchant". Effectivement, il kiffe sa race de lézard vilain, sa discussion avec Bilbo est une friandise délectable qui m'a presque réconcilié avec tout ce qui s'était déroulé auparavant. Le léger souci c'est qu'ensuite la course poursuite dans la mine (encore une...) fait de lui un gros idiot, ce qui casse légèrement son charisme... Mais globalement, ce personnage a une classe folle. A lui tout seul il sauve le film du naufrage.
J'ai cependant une frousse terrible pour le troisième volet. Peter Jackson parviendra-t-il dans son ultime volet à redevenir un conteur plutôt qu'un metteur en scène de cabrioles épuisantes ? Après tout, il a osé transformer un nain obèse coincé dans un tonneau en erzatz de Taz cartoonesque tournoyant. Il n'a plus de limites.