Burt Lancaster dans son rôle le plus magistral, Claudia Cardinale et Alain Delon irradiants de beauté, la musique inoubliable de Nino Rota, la splendeur décatie des palais baroques et la lumière brûlante de l'été sicilien: soixante ans après sa sortie, Le Guépard, chef-d’œuvre de Luchino Visconti, n'a rien perdu de son éblouissant éclat. Entre scènes intimistes et mouvements grandioses, cette adaptation du roman éponyme de Giuseppe Tomasi de Lampedusa, publié à titre posthume en 1959, est une fresque d'une somptueuse beauté, une symphonie de rouges et d'ocres (signée du génial chef-opérateur Giuseppe Rotunno) que l'on peut irer sans connaître tous les détails de l'histoire italienne. Car c'est aussi une réflexion méditative, concentrée dans la prodigieuse scène du bal final, sur la vanité du pouvoir et la fuite inexorable du temps. Le film raconte un tournant historique qui marque la fin d'un monde, celui de l'aristocratie terrienne, représentée par le prince de Salina (Burt Lancaster) et l'arrivée au pouvoir d'une classe de paysans fraîchement enrichis, symbolisée par Don Calogero (Paolo Stoppa). Tancrède, le neveu ruiné du prince (Alain Delon), commence par se battre aux côtés des Garibaldiens avant de se rallier à l'armée piémontaise puis d'épo Angelica (Claudia Cardinale), la fille de Don Calogero. C'est lui qui prononce la célèbre phrase "Pour que tout reste comme avant, il faut d'abord que tout change". Une maxime opportuniste dabs sa bouche de jeune ambitieux toujours prêt à retourner sa veste, contredite par la stature majestueuse du prince Salina, humaniste clairvoyant qui contemple avec une tristesse fatiguée l'évolution d'une société où les hyènes et les chacals sont appelés à remplacer les lions et les guépards.