Parce que Didier Wampas, tu es le roi
Réunir Benoït Poelvoorde et Albert Dupontel dans un même film ne pouvait venir que du duo Benoït Delépine et Gustave Kervern qui depuis Groland ont pu imaginer un scénario aussi déluré que jouissif, symbole même de la non-conformité qu'ils peuvent adorer. Le monde des petits, des pauvres, la vie simple, avec ses soucis, ses tracas mais aussi ses tranches de rire franc, ses relations compliquées mais vraies que les deux compères adorent depuis leur émission culte est représenté dans Le Grand Soir, pour notre plus grand plaisir.
Pourtant on est loin de la simple comédie franchouillarde française comme on peut d'ailleurs la détester habituellement. Pas de gags vus et revus, pas de farces et quiproquos ridicules, une mise en scène parfois un brin trop expérimentale mais qui a tout du moins le mérite de chercher à se détacher d'un univers dont les limites ont été trop vite atteintes, territoire bien trop connu pour impressionner le spectateur ahuri. Ici, le parti pris est complètement assumé et on cherche avant tout à se démarquer, à l'image des deux personnages principaux, il faut ouvrir les yeux à la , la comédie peut être intelligente et on peut réfléchir en riant.
Situations embarrassantes, simplement drôles ou bien même hallucinées tout est fait pour casser les liens avec le monde "dans la norme", celui où finalement tout se ressemble, préférer l'anarchie sans la violence, préférer la rue au confort, ne plus se mentir et profiter de la vie, Le Grand Soir veut er son message, se fiche bien des règles, l'artisanat est bien plus intéressant. Pour autant, le film n'est pas mal filmé, bien au contraire, de la scène d'ouverture et la marche de Not joué par un Poelvoorde investi à 140%, à la manière d'un Poutine en forme, les prises de vue depuis les caméras de sécurité, les réalisateurs se cherchent encore un peu c'est vrai mais tiennent leurs promesses : ils s'appliquent à faire du Cinéma sans chercher à faire rire un public idiot, s'adressent à ceux qui les comprennent et se font avant tout plaisir.
Quelques scènes hilarantes, comme celle du concert de rue de Not, le pétage de plomb de Dupontel, l'employé de village qui veut se suicider, parfois tragiques ent grâce à un humour noir dosé et jamais vulgaire : on peut rire de tout, si c'est bien fait après tout. D'autant plus que le duo d'acteurs qu'on aurait pu penser en roue libre, surtout vis-à-vis de leurs personnalités, se laisse prendre au jeu et on ne voit plus les noms ultra connus mais bel et bien deux punks, un vétéran et un nouvel entrant au club, dans leur monde, ayant la volonté de changer les choses.
We are not dead, la comédie française non plus. Les noms traditionnels ne sont rien qu'une image de normalité, ils respectent trop les règles de producteurs en quête de billets avant tout. Ici, on fait un film pour le plaisir du cinéma, on e un message, fort et pourtant futile, parfois peut-être un peu maladroitement mais clairement plus intelligemment que ce que peuvent faire transparaître les grolandais en public. Un doigt d'honneur à la société et à un monde bien trop renfermé sur lui-même, une main tendue au cinéphile, une bonne dose d'humour, tout ça donne envie de découvrir ce qu'ils ont pu faire par le é.
Une réussite.