Castella est patron d'une boîte. Il y a une autre boite : le couple qu'il forme avec son épouse et dans laquelle il est enfermé. Vieux couple. Les affaires font florès. Le soir ils regardent la télé dans leur pavillon décoré par Madame. Elle fait tapisserie. Il se cache derrière sa moustache.
Ailleurs, il y a Clara, comédienne et professeur d'anglais. Elle ne parvient que difficilement à dre les deux bouts. Elle est entourée d'une bande de potes. Des gens cultivés.
Clara va donner des cours d'anglais à Castella. Voilà pour le commencement. Choc des milieux qui se rencontrent. Castella va voir Clara sur scène et en sera troublé. Clara méprise Castella et le trouve beauf. Ca commence mal.
Quels chemins emprunte-t-on pour apprendre la langue (le gout) des autres telle est la question centrale du film. Si Castella a tout le temps faim c'est qu'il a soif d'autre chose. Cette rencontre avec Clara va lui révéler son propre manque et par la même son désir. C'est donc une nouvelle grammaire qui s'inscrit au coeur des personnages et qui crée modification des sujets.
La disparition de la moustache de Castella dévoile ainsi ce qu'il est sans le savoir, à savoir un homme de goût en mesure d'être touché par l'autre considéré dans sa radicale altérité.
Nous suivons donc dans ce film choral des personnages qui se déplacent dans leur identité, qui sont changés par des rencontres, et dont la part "autre" d'eux même est révélée par l'expérience de décloisonnement, de la sortie de boîte dans laquelle chacun est enfermé.