De l'écrit à l'image

« Ce n'est pas la jouissance qui fait le bonheur, mais le désir et les obstacles que l'on met à la réalisation de ce désir. »

Cette phrase du Marquis de Sade résume plutôt bien Le Genou de Claire de Eric Rohmer, film au sujet étrange où un homme en vacances ressent le besoin de toucher le genou de sa jeune voisine Claire et va, pour ce faire, de toutes les stratégies possibles.

Fétichisme et sublimation freudienne sont donc au menu de cette adaptation cinématographique d'une nouvelle écrite par Rohmer lui-même en 1949, Qui est comme Dieu ? Chose assez rare pour être soulignée, le film possède beaucoup plus d'éléments narratifs (notamment de nouveaux personnages et de nouvelles intrigues) que la nouvelle en question qui se déroulait dans un court laps de temps et dans un lieu unique : autour d'un terrain de tennis.

Avec Le Genou de Claire, Rohmer livre ainsi une étude complète d'un sujet qu'il avait traité sous forme d'ébauche 20 ans auparavant, lui donnant un aspect bien plus romanesque (l'une des vocations de ses contes moraux) et un cadre beaucoup plus large.

Chose amusante, il accentue les liens entre son film et sa nouvelle en incluant dans son intrigue une écrivaine en train de rédiger un roman très semblable à Qui est comme Dieu ?