Le cinéma de Rabah Ameur-Zaïmeche a la réputation, globalement justifiée, d'être très exigeant. Ceci étant, Le gang des bois du temple ne l'est pas tant que cela, pour peu que l'on accepte de se laisser entraîner dans un récit à la fois minimaliste et dense, dans un geste quasi melvillien, qui se refuse obstinément à s'inscrire dans la structure habituelle du polar. Ce qui est censé arriver se produit et il n'est nul besoin d'expliquer le pourquoi du comment, pour un cinéaste qui préfère s'attarder sur la solidarité d'une poignée de déclassés qui ont un temps le bonheur de jouir du coup de leur vie, sans imaginer les funestes conséquences. L'intelligence et l'empathie du spectateur sont constamment convoqués dans ce film qui pourrait être qualifié de radical dans sa forme s'il n'était pas aussi baigné de chaleur humaine, en dépit des fusillades. Il y a par ailleurs au moins deux moments d'exception dans Le gang des bois du temple : un chant à l'église et une danse qui se fait transe en boîte de nuit. Avec des ingrédients qui, sur le papier, peuvent sembler opposés et un scénario riche en trous d'air volontaires, Rabah Ameur-Zaïmeche poursuit son parcours unique dans le cinéma hexagonal, sans craindre les critiques, dans une forme d'exigence qui rime parfaitement avec quintessence.