Le film traite d'un sujet vraiment (rétro) avant-gardiste puisqu'il mettait en scène en 1975 les prémisses de l'ère numérique des profils, des avatars, des chasseurs de Pokemon et de meta avec le concept de "double identité". Pourtant, il peine à sortir de la farce bouffonne et s'enlise dans son auto-satisfaction et sa prétention à la modernité tant technologique que libérée sexuellement pour en faire un objet pompeux et fort peu crédible.
On aura un peu oublié de donner au concept de "double-identité" une logique acceptable et on reste au niveau d'une salle d’hôpital psychiatrique où se croisent les Napoléons, les papes et les danseuses du Crazy-horse ou encore, on interverti les professionnels (chauffeurs de bus, guichetier, flic) pour laisser un grand foutoir. C'est que ce film aurait bien voulu surfer en SF sur la vague de "L'an 01", il lui cite même son slogan: "On arrête tout et on recommence et ce sera pas triste", ce qui ouvre dans un sens sur son aspect le plus intéressant qui réside en quelques micro-trottoirs et critiques sociales mais rend aussi dérisoire le but même de cette révolution du 1=2.
On comprend bien que la présence de pépés dénudées n'a d'autre but que l'accrochage du pervers moyen, comme l'incessant rappel de tromperies conjugales, de mains aux fesses et aspirations graveleuses qui se font le relai de la gauche progressiste post soixante-huitarde décomplexée à envisager le sexe au travail et la pédophilie en toute légèreté.
Bien-sùr, des comédiens comme Bernard Fresson, Claude Rich ou Michel Aumont assurent un certain niveau mais leurs performances sont loin d'en faire un bon film. Ce qui reste, c'est surtout l'idée, le concept de base qui ne s’accomplit pas vraiment, surtout en regard de "Le monde sur le fil" de Fassbinder deux ans auparavant, qui arrive à donner une certaine consistance à l'existence virtuelle assistée technologiquement, ce qui fait cruellement défaut dans "Le futur aux trousses".