Cette adaptation des Rois mages au Far-West est le film biblique de ce vieil Irlandais catholique de John Ford (dans l'autre salle de l'Action Christine était projeté les Dix Commandements...).
Alors d'emblée, je précise que c'est un des grands Ford, donc très bons acteurs (ah Ward Bond !), dialogues parfaits, cadres à couper le souffle, paysages merveilleux, blablabla, tout le monde connaît.
Le Fils du désert est un autoremake. Ford avait réalisé vingt-huit ans auparavant Marked Men, avec Harry Carey. Pour la petite histoire, l'acteur fétiche de la période muette du réalisateur est décédé quelques mois avant le tournage. Outre une dédicace («To the memory of Harry Carey, bright Star of the early western sky»), Ford offre au fils du défunt, le bien nommé Harry Carey Junior, un des rôles principaux.
Pour rester dans l'histoire fordienne, le film s'intercale dans la trilogie de la cavalerie (le Massacre de Fort Apache, la Charge héroïque et enfin Rio Grande). Et pour être complet, le Fils du désert est le lointain ancêtre de Trois Hommes et un couffin et Trois Hommes et un bébé. Si ça ce n'est pas de la postérité...
Les scènes de John Wayne avec un nourrisson au beau milieu d'un désert (notamment un improbable tartinage à la graisse du bout de chair) méritent de figurer au panthéon du cinéma.
Un des films les plus tragiques à n'en pas douter de Ford. Du tragique encadré par les première et dernière scènes, véritables concentrés de bonhomie et de truculence fordiennes.
Le fordisme est un humanisme.
PS : Ce film est la goutte d'eau qui fait déborder la gourde, j'ai enfin créé ma liste de westerns de désert, sous-genre bien particulier où l'on voit le(s) protagoniste(s) tiraillé(s) par la soif. Et là, c'est tout de même 93% (faut être précis dans la vie) du film.
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