Par l'odeur alléché, mais pas de quoi en faire tout un fromage.
Certains se laisseront gagner par la splendeur calme et la grandeur nordique qui se dégagent des paysages, l’atmosphère toute XIXème siècle qui transpire et transparaît à chaque scène, l’éclairage qui magnifie chaque image. D’autres s’attacheront plus au charme discret des deux sœurs, à l’opposition qui tend le film entre d’une part l’affectation orthodoxe marquée par l’austérité dans ce village danois isolé et d’autre part les nourritures terrestres tentatrices, quelles qu’elles soient.
Pas moi. Je trouve la première partie, celle de la mise en place des psychologies et de la présentation du cadre, trop longue. Bien plus que lente à se construire, la mise en regard entre opulence faste et renoncement rigoriste de la tradition luthérienne me paraît surtout bien trop simple, facile et moraliste (voire moralisante ?). Le personnage du père est un produit trop sommairement issu des classiques de Molière ; il accepte on ne sait trop pourquoi le chanteur Papin comme maître de chant ; le général, auquel l’ambition et la volonté ont manifestement réussi, lui qui a si bien su se servir du verbe et s’adapter à son auditoire pour se marier à l’une des suivantes de la reine, était pourtant parti sans rien tenter auprès de la fille du pasteur.
La scène tant attendue du dîner proprement dite, est toutefois somptueuse et mémorable, teintée d’un humour subtil relevé par des couleurs et une animation soudaine. On avait en effet presque besoin d’être réveillé, et la fin sauve le film.