Le fabuleux destin d'Audrey Tautou.

Enorme succès surprise à sa sortie, "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain" s'est également vu victime d'une certaine haine pas franchement justifiée, quelques uns de ses détracteurs le taxant même de nauséabond pour son image d'une abusivement comparée à une publicité pour le Front Nationale (on parlera plutôt de maladresse). Si l'on est tout à fait dans notre droit d'être hermétique à l'univers très particulier de Jeunet et si le film n'est pas exempt de défauts (principalement une tendance à surligner chaque chose à grand coup d'effets numériques n'ayant pas toujours bien vieillis), il n'en reste pas moins terriblement attachant et rafraîchissant, fable poétique et universelle à la naïveté un poil calculée mais pas moins sincère, imprégnée d'une douce mélancolie, souvent drôle et délicieusement absurde par instants (les photos du nain de jardin), truffée de trouvailles visuelles (les photos d'identité prenant vie sous les yeux médusés d'un Kassovitz à l'innocence désarmante) et de sous-intrigues rocambolesques (l'énigme du photo-maton), portée par des personnages hauts en couleurs interprétés par un casting exceptionnel (Yolande Moreau, Jamel Debbouze, Isabelle Nanty et surtout Serge Merlin, bouleversant en homme de verre) et une superbe musique de Yann Tiersen, révélant au age une Audrey Tautou touchante de malice et de romantisme.