Le é : l'écho discret des blessures invisibles

Avec Le é, Asghar Farhadi signe un drame d'une sensibilité rare, où le poids des souvenirs et des non-dits façonne l'existence de personnages profondément humains. J'ai été saisi par la finesse avec laquelle Farhadi expose, sans jugement ni pathos, la fragilité des liens familiaux abîmés par le temps.


Ce qui frappe d’emblée, c’est la justesse émotionnelle du récit. Chaque silence, chaque regard pèse autant qu’un long dialogue. La direction d’acteurs est exemplaire : Bérénice Bejo éblouit par sa vulnérabilité maîtrisée, tandis que Tahar Rahim et Ali Mosaffa incarnent avec subtilité la complexité des choix és.


La narration, tout en ellipses et dévoilements progressifs, m'a tenu en haleine sans jamais forcer l’émotion. Loin des effets de manche, Farhadi privilégie une approche intime, où la vérité n’émerge que par couches successives, comme une plaie qu'on découvre lentement.


Visuellement, le film épouse cette même discrétion : la lumière naturelle et les décors modestes traduisent une authenticité qui m’a profondément touché. Ici, le réalisme n’est pas un décor ; il est le miroir des tourments intérieurs.


À mes yeux, Le é est une œuvre magistrale de pudeur et de justesse. Si j'ai frôlé le 10/10 sans l'atteindre, c’est uniquement parce que, parfois, cette retenue extrême pourrait donner au spectateur une impression de froideur. Mais c’est aussi cette distance mesurée qui confère au film sa profondeur durable.

Note : 9/10. Un film bouleversant de maturité, qui parle tout bas pour mieux toucher l'âme.

9
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le 29 avr. 2025

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