Robert Zemeckis adapte ici le très fameux conte de Charles Dickens, Un chant de Noël, qui avait juste eu le droit précédemment à 394 809 adaptations au cinéma et à la télévision, à toutes les sauces. Ce qui a pour conséquence qu'il faudrait avoir vécu toute sa vie dans une grotte, sans avoir croisé la moindre civilisation, pour ne pas connaître l'histoire. Autant dire qu'il faut essayer de se distinguer pour que le spectateur ne soit pas en terrain trop connu, apporter quelque chose de nouveau. Et certains y sont parvenus. Il suffit de regarder ne serait-ce Le Noël de Mickey pour s'en assurer.
Du point de vue de l'histoire, Robert Zemeckis ne surprend pas, ne cherche pas à surprendre, si ce n'est que par des défauts. Il est difficile de penser que ce film s'adresse aussi aux enfants tant l'ensemble est trop sombre et manque presque totalement d'humour. Et les rares fois où ça s'essaye à la drôlerie, c'est un flop. L'exemple qui en est le plus choquant, c'est de faire danser une femme, dans un monde qui se veut réaliste, à la manière de Mary Poppins. On est dans la réalité, pas dans un monde merveilleux où les lois de la physique n'ont pas lieu d'être. Oui, alors, autrement, Zemeckis ne cherche pas à surprendre. Résultat, j'ai regardé le tout d'un œil amorphe. Et je plaide coupable d'avoir décroché de temps en temps.
En fait, je crois que le réalisateur a voulu miser toutes ses billes sur la technique, sur la motion capture. Le pari était risqué et il l'a perdu selon moi. Il faut rendre tout de même justice aux décors. Ils sont impeccables et je dirais même que la manière avec laquelle la neige a été recréée est irable. Il ne manque pas le moindre cristal de glace. Là où est le problème, en fait, le très gros problème, c'est pour les personnages. J'ai eu la fâcheuse impression qu'ils se font fait botoxer le visage avec du latex (si on fait exception de Jim Carrey quand il joue le protagoniste !). C'est une horreur. C'est d'une très grande laideur. Et pire que tout, il n'y a pas la plus petite expressivité dans les visages. Il n'y a rien de naturel. Je ne pense pas que les acteurs pouvaient faire grand-chose avec ce handicap. La voix ne saurait suffire. C'est à peine si je suis parvenu à savoir qui joue qui et c'est à peine si je n'ai pas fini par m'en battre totalement les couilles.
Je ne condamne pas l'utilisation de la motion capture en général, loin de moi cette idée. Spielberg, notamment, en fera un très bel usage dans son adaptation de Tintin, pour mieux coller à l'esthétisme de la BD d'Hergé, pour se permettre des choses qu'il n'aurait pas pu réussir en prises de vues réelles.
Là, pour Le Drôle de Noël de Scrooge, ce n'était nullement justifié.
Bref, comme le dirait ce cher Ebenezer, "Bah! Humbug!".