Fabrice Du Welz signe une œuvre âpre d’une densité impressionnante avec Maldoror, un thriller policier où réalité et fiction s’entrelacent. Si le film peut paraître un peu trop long, il n’en reste pas moins captivant, explorant les abîmes de l’humanité tout en s’appuyant sur un drame qui a marqué la Belgique à jamais : l’affaire Dutroux.
Loin d’être un simple documentaire, Maldoror se veut une véritable catharsis pour un pays encore hanté par ce traumatisme, un pays qui a souvent préféré dissimuler les blessures infligées plutôt que de les affronter (mais nous y reviendrons). Le film évite volontairement de s’attarder sur l’aspect le plus sordide des crimes, préférant mettre en lumière les absurdités et les dysfonctionnements de l’enquête : rivalités policières, zones d’ombre, et surtout une question qui taraude – Dutroux aurait-il pu agir seul ?
L’interprétation d’Anthony Bajon est remarquable. En incarnant un gendarme dont on suit à la fois la carrière et les aspects intimes de la vie, il offre au spectateur un point d’ancrage émotionnel. Toutefois, certains ages, comme les scènes de mariage, bien qu’authentiques, peuvent paraître secondaires dans la narration principale.
La mise en scène de Fabrice Du Welz mérite également d’être saluée. Le réalisateur parvient à éviter les pièges de la facilité et du voyeurisme, préférant une approche empreinte de pudeur et de respect envers les victime (même s’il y restera quand même des vestiges de son é de cinéaste d’horreur) . Pour ceux qui ont vécu l’affaire à travers les médias de l’époque, ce film est une véritable claque émotionnelle, ravivant des souvenirs aussi terrifiants que marquants.
Fabrice Du Welz a annoncé que Maldoror n’est que le premier chapitre d’une trilogie visant à révéler des épisodes sombres de l’histoire belge que le pays préfère parfois ignorer. Les deux prochains films porteraient sur l’exploitation du caoutchouc par les Belges au Congo et sur la collaboration pendant la Seconde Guerre mondiale. Des thématiques complexes et fascinantes, qui promettent de susciter autant de malaise que de réflexion.