Iran. De nos jours.
Quel individu verrait dans ce film un basique tract politique contre la peine de mort alors que les histoires racontées dans Le diable n'existe pas sont empreintes d'une condition humaine soumise à une dictature qui ne dit pas son nom. Certes, la mort plane autour de ces protagonistes, mais elle se confronte toujours à cette idée de liberté qu'elle soit rêvée ou acquise, qu'elle soit réelle ou illusoire.
La peine de mort n'est pas abordée sous l'angle du "pour ou contre". Il ne s'agit pas ici de parler des criminelles, assassins, violeurs et de leur sort. C'est un autre débat que le film n'aborde pas vraiment. La peine de mort est abordée d'un autre point de vue, celui qui sert de prétexte à éliminer ceux qui gênent, ceux qui dénoncent, à éliminer l'opposition.
Mohammad Rasoulof, réalisateur et scénariste, dénonce. Son film est politique, oui. Mais cela en fait-il pour autant un tract de 2h30 comme on peut l'entendre chez certains ? Non. Il y a une vérité en Iran qui doit être dite, une réalité dont les conséquences sur les jeunes générations sont atroces. On parle d'une politique offensive qui vise à déshumaniser la jeunesse avant leur age à l'âge adulte.
En Iran, le age à l'âge adulte se fait par le service militaire obligatoire d'au moins 18 mois. Dans ce contexte, certains sont désignés à l'application des peines. Demandez donc à un gamin sortant de l'adolescence de tirer le tabouret qui retient les condamnés à mort. Une perte brutale de l'innocence.
Les conséquences sont aussi importantes que les causes. Au quotidien la population iranienne doit composer avec cette dualité d'une liberté acquise au prix de la mort, sous toutes ses formes. La mort constante qui plane sur tout un pays, la guerre. Une politique de la mort qui permet de contenir les contestataires. La seule échappatoire c'est la chance, l'argent ou la désertion. Quoi qu'il en soit, pour vivre, avoir son permis, le droit de travailler, voyager, ... il faut se confronter à la noirceur de ces choses.
C'est dans une mise en scène réaliste, presque documentaire que d'excellents comédiens donnent vie, avec leurs tripes, à des récits aussi révoltants que poignants. Des témoignages plus vrais que nature d'une population meurtrie et contrainte. Des êtres humains touchés au quotidien, de prêt ou de loin, par une politique nauséabonde où l'humain n'est qu'une marionnette exécutant la sale besogne d'une istration froide. Si cela évoque d'autres régimes que l'Iran, c'est malheureusement une réalité.
Mohammad Rasoulof ne fait pas que dénoncer, il montre les conséquences actuelles que cette politique entraîne au quotidien et les lourdes répercussions sur les générations futures. Le diable n'existe pas, il est en chacun de nous.