C'est un bon cape et d'épée de piraterie servit par un casting 5 étoiles.
Comme beaucoup de ce genre et de cette époque, il est adapté de Rafael Sabatini (auquel il va vraiment falloir que je m'intéresse de plus près).
Henry King est un réalisateur solide qui, comme beaucoup de son époque, change de style assez fréquemment. Néanmoins, le film d'aventure semble être son genre de prédilection et cela se sent dans ce film très romanesque.
Foin ici de sombre piraterie, même si les personnages ne sont pas des enfants de coeur idéalisés, on est dans la vision romantique du corsaire qui se lave mais ne se rase pas (voyez la nuance). Certes, Jaimie Boy flanque une belle gifle à notre héroïne lors de leur première rencontre dans un but pas très catholique si je lis bien les sous-entendus, ce qui est assez osé pour l'époque, mais jamais le "réalisme" ne prend le pas sur le fantasme du héros sauvage qui se civilisera par amour ou parce que les temps changent.
Car même si c'est un film d'aventure, celle-ci sert surtout à encadrer une histoire d'amour, celle de Jaimie Boy, James Waring de son vrai nom, corsaire fidèle à Morgan, le coeur à la bonne place et avec de l'honneur et Lady Margaret Denby, fille du précédent gouverneur de la Jamaïque, jeune femme au caractère bien trempé mais un peu naïve.
Ces deux là, dans le schéma le plus classique de la comédie romantique, se détesteront, surtout elle, lui ne faisant pas cache de son inclination, parfois de façon un peu rustre, pour finir par trouver un terrain d'entente. 2 têtes de pioche assez attendrissantes qui font tout le charme du film.
Lui adoucira le trait dans le genre rebelle mal élevé et elle comprendra que l'habit ne fait pas le moine.
Tyrone Power n'a, je crois, jamais été aussi charmant, charmeur et beau et Maureen O'Hara, sans cheveux roux, nous offre encore une femme de caractère, belle et farouche.
George Sanders est presque méconnaissable en Capitaine Leech, roux, barbu et bourru mais sa voix rocailleuse est reconnaissable entre toutes. Il apprécie manifestement le rôle qui le sort des dandys tirés à 4 épingles.
On trouve avec ce trio de tête Thomas Mitchell, toujours agréable à retrouver avec sa bonne bouille et son timing comique; Laird Cregar, très flamboyant en Capitaine Henry Morgan; Anthony Quinn a quelques scènes en second inquiétant du Capitaine Leech et Edward Ashley termine les rôles importants en noble poudré pas si noble.
C'est un vrai plaisir à regarder, peut-être pas le meilleur du genre mais les talents conjugués de tous offrent au spectateur 1h30 de détente et de liberté, les embruns se sentent à travers l'écran et les héros nous emportent avec eux.
Et c'est tout ce qu'on demande.