Essai de critique commune des deux versions 1974 et 2017 de l'adaptation au cinéma du roman "le crime de l'orient-Express".
N'ayant pas voulu dupliquer la même critique pour chaque film (je crois me souvenir qu'un éclaireur a fait ça une fois), je ne reste cependant pas très convaincu de la forme ni de la construction. Si un lecteur a une meilleure idée ou un exemple, je suis preneur.
Outre le scénario qui a fait l'objet d'une tentative d'analyse dans la critique correspondant à la version Branagh de 2017, la version Lumet me parait principalement supérieure à la version Branagh pour les deux raisons suivantes.
Les décors du train de l'Orient-Express (reconstitués ou réels, je ne sais pas) sont très beaux avec la cristallerie et l'architecture d'intérieur typique de l'époque signée Lalique. Tout ceci conduit à un charme rétro et une grande élégance. Lumet a peaufiné les détails. A commencer la description des préparatifs avant le départ du train : le cuistot qui vérifie la qualité de toutes les denrées, l'accueil personnalisé des différents agers montrant ce que pouvait être une "première classe" au début du XXème siècle. On n'est pas dans le clinquant ou l'apparence, on est dans le vrai luxe qui ne concerne qu'une minorité.
Le casting qu'a choisi Sidney Lumet est d'une grande classe et me parait globalement plus convaincant que chez Branagh.
Albert Finney dans le rôle de Poirot chez Lumet me convainc plus que Branagh qui interprète le rôle lui-même. Plus ronchon, plus sobre, plus obséquieux, plus jouisseur, bref plein de contradictions, complexe.
Le rôle de Ratchett (Cassetti) est tenu par un Richard Widmark beaucoup plus nuancé que Johnny Depp. On le sent très dur mais il est plus en rondeur apparente. C'est l'homme d'affaires riche et roublard mais qui sait mener sa barque en public et qui a même un certain entregent. Il en est plus crédible et sa malignité réelle en sera d'autant plus grande rétrospectivement.
Le directeur de la ligne est beaucoup plus crédible chez Lumet car il est un ami de Poirot et de la même génération tandis que chez Branagh, c'est un petit jeune (je n'ai rien contre les jeunes) dont on se demande comment il a pu devenir copain (comme cochon) avec un cinquantenaire comme Poirot.
Pareil pour le secrétaire de Ratchett interprété par Anthony Perkins qui a beaucoup plus de présence à l'écran que son équivalent chez Branagh (Josh Gad)
Le colonel Arbuthnot est joué par un impérial Sean Connery. Son personnage chez Branagh est remplacé par un docteur, du même nom, interprété par Leslie Odom dont la personnalité est forcément plus faible. L'intention chez Branagh était, cependant, louable en en faisant un autre personnage.
Le rôle de Mme Hubbard est tenu par Lauren Bacall chez Lumet et Michelle Pfeiffer chez Branagh. Je préfère Lauren Bacall qui me parait plus énergique et déjantée chez Lumet. Mais Michelle Pfeiffer tient bien la route.
Quant au personnage de Greta Ohlson, il est interprété par Ingrid Bergman absolument fascinante dans son rôle de missionnaire paumée mais qui ne l'est pas tant que ça et cache sa haine ; c'est un personnage complexe : même si j'avoue une iration infinie à Ingrid Bergman, je n'arrive pas à trouver des qualités chez Penelope Cruz qui puissent infirmer mon appréciation. J'ai trouvé Penelope Cruz un peu inexistante.
Sans oublier, le conducteur de train brillament joué par un sympathique Jean-Pierre Cassel chez Lumet.
Par contre, Hardman, le détective de Pinkerton est mieux réussi chez Branagh avec un Dafoe beaucoup plus émouvant.
Conclusion : casting et décors surclassent le film de Lumet …