Cela date d'une 20aine d'années maintenant. A l'époque j'étais beau, j'étais jeune et je faisais une formation audiovisuelle à Saint Denis de la Seine dans laquelle on faisait un petit film documentaire obligatoirement local. J'avais opté de prendre pour objet les jardins ouvriers de la ville et j'en avais tiré un sujet qui traitait du mode d'urbanisation de nos villes, et nos cœurs, pas si bête.
Parmi les 3 jardins de la ville, le jardin du fort de l'est, ilot de nature incroyable, se logeait pile entre l'A86, la cité des francs moisins et les 4000, qu'on aperçoit d'ailleurs en arrière plan. Et je me souviens de ce plan pourri, un panoramique qui tentait d'exprimer par l'image, un dimanche (vide et mort), que le jardin se situait à la lisière d' un lycée.
J'ai en tête cette séquence dans laquelle mon béguin de l'époque s'appliquait à faire ce pano pourri, quand tout à coup 2 ou 3 grosse berlines se garent pile dans le cadre. Et là, des mecs circonvolutionnent à tout va avec transfert d'énormes bagages jaunes fluo étanches et autres. La cocasserie se révélant que l'intervenant, responsable de notre matériel, le preneur de son, Toto, encore un poto, et moi même étions en pleine contemplation de l'évènement en fantasmant des retombées abracadabrantes tandis que Jenny continuait ses panoramiques avec la même application, les gadjos ne traversant que brièvement l'image à chaque fois.
A la même époque, sortait le film Go Fast qui mettait en lumière ce qu'on venait de voir et voici les conditions de mon seul rapport avec ce milieu du banditisme dont j'avais à peine conscience.
Dix minutes plus tard, les mecs reviennent, je sais pas comment ils tenaient, mais 7 énormes baraques dans une 205 blanche toute pourrie ça marque. L'échange a été cordial, il nous ont demandé d'effacer la séquence ( ma leçon la plus concrète du stage ) en nous expliquant qu'il ne peuvent pas laisser ça au hasard. Ils m'ont expliqué qu'ils m'avaient à l’œil depuis un moment du fait de mes repérages, rencontre de personnages etc... Ils ont compris mon projet et basta, bye bye.
L'association d'idée de cette aventure avec ce film étant évidente, je suis obligé de er par la case souvenir pour vous dire que le seul sentiment qui me revient de cette histoire, c'est que les mecs étaient ultra organisés, qu'ils étaient sérieux professionnels et rigoureux, que jamais on ne s'est senti en danger. C'est à dire tout le contraire des personnages et évènements relatés dans ce film ou le danger guette dès la première image.
Donc, quand je fais mon effort film français de l'année, que je vois trois faux arabes prendre le boulot des immigrés (Ok, Magimel avait une certaine expérience dans le genre avec son rôle de Momo ), à coup de rohia, miskin, inch'allah, mon frère etc... ça pique un peu.
Surtout que les acteurs arabes eux, sont assez bons. Sauf que leur condition d'acteur nuit complètement à la crédibilité de leur rôle de voyou.
Comment expliquer ça gentiment?
On leur demande d'avoir un comportement, devant caméra, à l'opposé de ce qu'ils ont appris toute leur vie pour ne pas devenir les voyous qu'ils incarnent.
Finalement, même à coup de vroom vroom allemand , la voie est sans issue