Le Conte de la princesse Kaguya
7.9
Le Conte de la princesse Kaguya

Long-métrage d'animation de Isao Takahata (2013)

Un crayon de course alimenté au Gazole®

Malgré la claque graphique évidente qu’il représente, il est difficile de se faire violence pour finir Le conte de la princesse Kaguya. 2h20 à la pesée, c’est beaucoup trop pour l’histoire statique et linéaire dont il est question. Une belle tranche de vie, teintée de poésie, d’amour et de recherche de soi, qui véhicule des thématiques universelles, sans parvenir à en tirer l’essence, préférant à la place, s’appesantir sur chaque idée de façon déraisonnable.


C’est bien dommage, rarement le trait n’aura été aussi percutant à l’écran. Si dans le premier quart d’heure, ces esquisses emplies à l’instinct, d’une couleur qui ne cherche jamais à épo le trait de façon scolaire, semblent un peu cavalières, bien vite, la poésie qui en ressort rend toute la direction artistique d’une élégante pertinence. Et quand la princesse, sur un coup de sang, s’enfuit à travers champs, tout le potentiel expressif qui se travestissait dans la fausse hésitation des contours explose alors aux yeux d’un spectateur pris de frissons. Les coups de crayons se libèrent pour devenir des lignes graphiques dont le seul but est d’accentuer le mouvement. Le résultat est sans appel, bluffant.


Mais jamais le frisson ne se reproduit à nouveau. Pire, ce climax, narratif, mais formel également, ne fait que s’estomper à mesure que l’histoire patine, que le quatrième prétendant tente de conquérir sa belle, que cette dernière construit son jardin, qu’elle recroise son amour d’enfance. Alors l’intérêt retombe, et si les somptueux tableaux continuent de s’enchaîner, avec magnificence lorsqu’ils puisent leur inspiration dans le age des saisons et plus généralement les paysages naturalistes, ils s’apprécient toutefois avec un ennui poli, la dernière heure de film étant desservie par un rythme contemplatif exagéré : Isao Takahata a déjà tout dit, le conte s’éternise inutilement pour se diriger vers l’évidence.


Le titre n’a pas menti, à part un final un peu audacieux, tout tient du conte mou du genou dans ce dessin animé finalement sans surprise, sinon celle de la percussion trouvée dans son trait faussement naïf qui se fait sa place avec classe, lorsque la magnifique bande originale du grand hisaishi vient l’épo, dans les cimes de l’expression artistique par le crayon.

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oso

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le 5 janv. 2015

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