Potentiel malheureusement gâché...

Faut pas se leurrer le crépon: pourquoi a été monté "le clan des Siciliens" ? Comme s'est monté la plupart des films dialogués par Audiard : sur ses têtes d'affiches atteignant un taux de charisme affolant facilement les compteurs. Ces acteurs, ces Mecs qui suintaient la Castagne rien que dans leur regard, que malheureusement nous n'avons jamais réussi à remplacer, suffisaient à eux seuls pour justifier le visionnage, rien que pour le plaisir de les voir comme si on allait prendre des nouvelles de nos vieux potes filous. Jean Gabin, Lino Ventura et Alain Delon sont de cette catégorie. Tout est parti de l'idée de les réunir, parce que nom de Dieu c'est la classe ces trois noms sur la même affiche. Ils s'en cachent pas d'ailleurs : notez avec quel symbolisme, avec quelle précision réalisatrice le personnage de Gabin est présenté, et encore plus surligné lorsque celui-ci rencontre Ventura.En parlant de cette rencontre: dans le cadre du film, ce choc des titans aurait pu être comparable à celle d'Al Pacino et Robert de Niro dans "Heat". Mais c'est pas le cas, parce que leur scène de dialogue dans ce film-ci était soigné aux petits oignons. Or, là est l'énorme problème du "Clan des Siciliens": il se repose beaucoup trop sur le charisme de ses acteurs. Et là, les gars peuvent avoir autant de présence qu'un groupe de rock rebelle, ils peuvent pas rattraper les meubles qu'ont déjà éparpillé les scénaristes. Donc, regardons le film en face: effroyablement banal, transitions qui embrouillent l'intrigue, longueurs assez importantes, intrigues secondaires malvenues, dialogues déjà entendus... Rien à se mettre dans la dalle à ce niveau-là. Et sans la musique de Moriconne (dont j'avoue ne pas m'en être lassé), y'aurait à peine eu une ambiance ou une identité au film. Rien qu'aux personnages: quelle est la première chose qu'on apprend du commissaire ? Il essaie d'arrêter de fumer. Non seulement on devine déjà qu'il va s'en griller une vers la fin quand il sera à bout, mais en plus il n'y a vraiment aucune information qui peut er avant ? La question de la profondeur est torchée. Ce film est bourré, et sous prétexte qu'il a des acteurs digne d'une cuite intersidérale, il se permets de vomir dans les Waters du public. Je trouve ça limite quand même. N'oublions jamais qu'un bon film, c'est avant toute chose une bonne histoire racontée avec élégance. N'empêche qu'au carrefour de la Bande à Gabin, je classerai pas ce film parmi un jouisseur de radar, malgré son débit d'atouts mal utilisés.

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le 26 avr. 2018

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Billy98

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