De quoi parle t-on ?
L'habille ne fait pas le moine. Sous ses airs de film écolo-révolutionnaire anti-conformiste, Le Château de verre cache un intéressant biopic drama-familial s'interrogeant sur les véritables valeurs de la vie d'un individu. Jeannette Walls, écrivaine et journaliste en sera le cas appliqué, car c'est elle qui inspirera le film.
Alors qu'elle décide de présenter sa jeunesse si particulière dans l'un de ses romans paru en 2005, elle décide plus tard de co-travailler avec un certain Destin Daniel Cretton. Ce dernier se chargera de mettre en scène l'étrange et fabuleux parcours de vie de la jeune femme.
C'est quoi cette campagne marketing (mensongère) ?
On pourrait alors sérieusement se questionner sur le marketing de ce film, qui de souvenirs, nous déversait une suite d'affiches et d'extraits de toute gaieté. Ces derniers semblant exposer une famille se complaisant à vivre marginalement, à contre-courant du fonctionnement des grandes sociétés, le tout en s'appuyant exclusivement sur les valeurs familiales et en excluant toutes celles d'ordre sociales et sociétales.
Vrai mais qu'en partie. Puisque derrière se cachera quelque chose de bien différent, sinon quelle idée de faire une sombre copie du très récent et très appréciable Captain Fantastic.
Les atouts et les défauts
Pour les sceptiques et curieux, voici une explication exemptée de révélations susceptibles de vous gâcher l'expérience.
Le Château de verre, fonctionne dans sa mise en scène, tantôt à la manière d'un road-movie familial, tantôt à la manière d'un conte aux tendances tragiques extrêmement pénibles [avis aux âmes sensibles avec un é familial douloureux].
Certaines représentations, surtout quand elles sont réalisées par des artistes aussi talentueux que Naomi Watts et Woody Harrelson, seront être pleines de réalisme.
On est loin du Captain Fantastic comme le laisse entendre la bande-annonce officielle. Un récit singulier donc - initiatique et ambitieux - suivant le parcours d'une jeune fille au futur quelque peu prometteur. Un récit ponctué de chutes tragiques qui seront proprement apporter leur lot de symboliques. Un récit, finalement crédité d'une morale sur la vie, la famille et l'héritage psychologique.
L'histoire, où devrais-je dire le montage présente toutefois quelques soucis. La première partie, nécessaire dans sa manière de déguiser la tragédie en bonheur, présente des longueurs injustifiables, des thèmes sous-traités et des dialogues de l'intellectuel anti-conformiste à contre-courant - bien à la mode de nos jours - à peine contextualisés et peu convaincants.
Parce que c'était jusque là plutôt séduisant de voir un protagoniste perspicace et pragmatique portant des propos réfléchis et insidieux sur les failles de notre société actuelle (Will Hunting, Mister Robot, Captain Fantastic). Mais cela devient vite redondant et factuel...
Par ailleurs, quelques flashbacks superflus ne font qu'alourdir nos paupières plus qu'éveiller des questionnements sur les possibles dénouements du récit.
En fait, le roman - lecteurs, dites-moi si je me trompe - semble complet et fourni en détails. Parce que l'on sent la volonté du cinéaste a vouloir présenter beaucoup de choses, mais sans s'attarder sur les points les plus sensibles et les plus symboliques de l'oeuvre. Plutôt regrettable. Certaines récurrences visuelles et verbales qui structureront la mise en scène, seront parfois bien réussies néanmoins.
Oui regardez-le !
Bien qu'un peu trop académique dans sa forme, Le Château de verre se présente comme une sorte de trompe l’œil cinématique, exposant deux visions dichotomiques du rêve américain et du bonheur. Je ne vous en dirai pas plus.
Un film donc poignant, mais qui avec un travail plus abouti sur la réalisation et le montage, aurait pu apporter bien plus d'intensité !