Le chanteur de Gaza n'est pas un film comme les films qu'on nous assène depuis quelques années ; la photographie du film n'est pas aseptisée, le montage n'a clairement pas été réalisé par un perfectionniste, aucun des acteurs n'est "bankable" et une musique léchée ne viendra pas vous tirer une petite larme au moment opportun de la narration. Le chanteur de Gaza n'est pas un film techniquement parfait.
Il raconte l'histoire d'un homme qui depuis l'enfance ne veut que chanter, avec la force et la conviction que sa sœur lui a donné qu'il a le talent pour être reconnu pour cela. Malgré Gaza. Ou peut-être grâce à Gaza ? Là où le réalisateur aurait pu tomber dans le pathos, dans le film politiquement engagé, il ne le fait pas. Même si on comprend toute la violence et la frustration de cette vie prisonnière des barbelés.
"Comment peux-tu chanter alors que des gens meurent ?" lui lance une vieille femme dans la rue alors qu'il n'est qu'enfant.
Les paroles des chansons arabes que Mohammed chante sont un peu mystérieuses pour le spectateur qui ne connaît pas la langue, aucune traduction n'est prévue dans les sous-titres. Mais cela est au profit de l'émotion. Qu'il chante des morceaux du Coran pour rentrer en Egypte ou des chansons populaires qui font danser et sourire, ce chanteur nous emmène avec lui. Ce film c'est de l'émotion brute, imparfaite et réelle. Bouleversant de tristesse et de bonheur à la fois. C'est une bouffée d'espoir là où l'on pense que rien n'est possible. C'est le mouvement là où tout semble figé. C'est la vie au milieu de la mort. La dignité dans la simplicité. Je conseille à quiconque d'aller voir ce film, pour ressentir l'aventure d'être vivant à travers la voix et le destin de Mohammed.