Rien de scandaleux mais je peine un peu à comprendre l'apport de pousser ce genre d'histoire aujourd'hui.
The Tender Bar, adapté de l'autobiographie du journaliste J.R. Moehringer, raconte l'apprentissage doux - amer d'un jeune clampin de classe moyenne basse qui va être éduqué à la virilité respectable par son oncle, a contrario du portrait du père qui incarne un masculinisme abusif et excessif. Ici, il s'agit toujours d'être un bonhomme mais le vrai gars c'est surtout celui qui sait picoler sans ab, qui aime bien parler vaguement de bouquin et qui respecte les femmes mais faut pas qu'elles soient trop casse-couilles quand même.
Un moment on arrive à posséder une bagnole et on se barre avec le coude sur la portière faire ce qu'on veut, c'est le signe qu'on a fini le parcours et que la réussite est à portée. Mouais. On a vu quand même que ça marchait pas tellement comme ça depuis. Et il ne faut pas voir dans ce commentaire une réduction abusive du propos de l'histoire qui a été assez malhonnêtement vendue comme une histoire d'éveil à la littérature : ce mec n'est jamais devenu écrivain et il est relativement inconnu aujourd'hui. Alors se prendre pour un néo-Hemingway c'est sympa, mais en avoir sous le pied c'est mieux.
C'est certes tiré de l'autobiographie d'un gars qui a été jeune homme dans les années 80 et le film te vomit sa playlist yatch rock pour bien marteler ça, on sait d'où ça vient, et le gars en écrivant le truc, Clooney en l'adaptant, y croient peut-être. Mais ça n'enlève malheureusement rien à la poussière.
La réal' est toute aussi plate et utilitaire, assez avare en recherche, il n'y a pas grand chose à se coller sous la dent. Un cadrage à hauteur de pied sur une roue par ci, un jeu d'ombre pas bien finaud sur le père monstrueux par là. Fauché.
Je suis content de revoir Christopher Lloyd et il a d'ailleurs une bonne scène mais même lui paraît bien sage là-dedans. Certains aimeront sans doute la perf' d'Affleck, mais son rôle d'oncle mentor débonnaire et mâle sans violence est d'une facilité hallucinante et ça vient plutôt le rendre énervant à terme. Le gros stéréotype ennuie à une vitesse folle.
Tye Sheridan que je revois de façon trop rapprochée après Card Counter est assez gonflé et gonflant. Sa mollesse et son espèce de côté pataud lui font jouer étrangement des scènes dans lesquelles tu n'es plus certain du caractère qu'il veut donner à son personnage.
Une échappée des années 80 qui n'a pas grand chose à nous dire, en somme. Ca plaira peut-être à quelques quinquas pour lesquels le film a l'air d'avoir exclusivement été conçu dans l'auto-célébration, mais je pense qu'on doit attendre autre chose du cinéma que cette ringardise. Quand bien même elle se regarde à peu près sans bailler sur l'heure quarante et quelques qu'elle dure.