Influence majeure de Quentin Tarantino pour Kill Bill, Lady Snowblood fut d'abord un manga épisodique scénarisé par Kazuo Koike et illustré par Kazuo Kamimura en 1973. La même année, le personnage se voit offrir une première aventure cinématographique, incarné à l'écran par la sublime Meiko Kaji.
Produit par la Toho et réalisé par Toshiya Fujita, ce premier volet reprend le point de départ de la version papier, se concentrant principalement sur la vengeance de l'héroïne. Si l'on perd une grande partie de son ambigüité, ses petits boulots de tueuse étant mis de côté, tout comme sa tendance à dézinguer quiconque se dressera sur sa route, brigands comme innocents, l'aspect tragique d'un tel personnage est heureusement conservé.
Parfaitement interprétée par Meiko Kaji qui donne aussi de la voix lors du superbe générique, cette enfant du carnage demeure à l'écran cette incarnation d'une virulente critique envers la société japonaise et son machisme qui faisait le sel du manga, même si l'aspect "roman-porno" est clairement atténué au profit des combats.
Des séquences loin d'être mémorables, souvent brouillonnes, mais qui sont largement compensées par la mise en scène très stylisée de Fujita, le cinéaste, peu habitué au genre, composant des plans picturalement splendides, usant même d'un montage atypique où viennent se mêler quelques planches de l'oeuvre originelle.
S'il ne figure peut-être pas au panthéon du chambara et ne fait que frôler la puissance évocatrice du manga, ce premier Lady Snowblood reste une transposition formellement réussie, devant finalement bien plus à son style et à la beauté fatale de sa tête d'affiche qu'à ses es d'armes.