Voir le film

La Zone d’intérêt par Labassetosse

Contrairement à ce qu’on peut lire à droite à gauche on est pas vraiment sur un film représentant « la banalité de la violence » mais plus sur comment filmer esthétiquement ce qui ne peut l’être. A aucun moment on nous montre explicitement les violences du camp de concentration, on a les imagine par les sons qui s’en dégagent et le regard caméra qui prend le point de vu du protagoniste qui se trouve trop loin du camp pour qu’on distingue qqch de net hormis la fumée qui s’échappe des fours crématoires. Et cela permet plusieurs choses. D’une part rendre le film froid au possible en filmant la banalité de la vie dans un contexte qui lui est ultra violent. J’ai ressenti aucun pathos, j’étais complètement détaché de la situation et c’est ce que voulait Glazer. On ressort de la salle sans trop quoi penser un peu gêné par ce qu’il se e. N’avoir rien ressenti même pour les crimes les plus ignobles. 
Ensuite, ne pas filmer ces violences c’est tout simplement ne pas les esthétiser comme l’a fait ce gros fdp de Spielberg par exemple, c’est pas utiliser la Shoah pour faire des zolies images avec un beau noir et blanc et des musiques bien tires larmes de merde ????, on se concentre d’avantages sur l’aspect politique que sur l’aspect émotionnel de l’événement. 
Par contre le bémol du coup c’est qu’en dehors de la dichotomie « potit jardin avec des belles potites fleurs partout » vs camps de la mort bah il en ressort pas grand chose. On a déjà vu ou lu le parallèle « actes ignobles de l’individu » et la vie banal qu’il mène la majorité du tps et on savait déjà qu’il devait y avoir une ambiance particulière dans les maisons des officiers proches des camps, sauf que Glazer a décidé de représenter cet aspect et c’est totalement réussi. Mais on reste seulement sur un film de représentation, pas plus. 

Ça m’a fait penser au très bon documentaire « il n’y aura pas de nuit » d’Eléonore Weber, qui se déroule pendant les conflits du moyen orient, où on ressent cette même froideur, ce sentiment glaciale de rien ressentir face à la mort qui elle est montrée via des images de vision nocturne d’hélicoptères et avec le fond sonore continu du bruit des palmes et du moteur de l’helico + la voix off et les interventions des pilotes sur ce qui est montré.

7
Écrit par

Créée

le 31 janv. 2024

Critique lue 37 fois

1 j'aime

Labassetosse

Écrit par

Critique lue 37 fois

1

D'autres avis sur La Zone d’intérêt

Cannes-ibal Holocauste

La Zone d’intérêt débute par un écran noir de 5 minutes accompagné d'une musique assourdissante qui donne le dispositif du film : on ne verra rien mais on entendra tout. Le camp d'extermination...

le 19 janv. 2024

244 j'aime

9

Limites de l’intérêt

Reconnaissons à Jonathan Glazer cela ; ce mérite d'avoir su trouver un angle nouveau pour aborder un sujet maintes fois traité.Parce qu’à sortir en permanence du champ ce qui est pourtant – et...

le 2 févr. 2024

103 j'aime

12

Derrière le mur !

L'introduction, avec un écran noir qui dure, qui dure, accompagné d'une musique stridente, annonce bien la couleur, La Zone d'intérêt est une expérience aussi bien sonore que visuelle. Ben oui, parce...

Par

le 31 janv. 2024

76 j'aime

11

Du même critique

Critique de Nome par Labassetosse

Très beau film dans sa mise en scène mêlant onirisme faisant référence à l’animisme guinéen et ses scènes plus terre à terre qui montrent la réalité du terrain à l’époque de la guerre d’indépendance,...

le 1 avr. 2024

1 j'aime

Critique de La Zone d’intérêt par Labassetosse

Contrairement à ce qu’on peut lire à droite à gauche on est pas vraiment sur un film représentant « la banalité de la violence » mais plus sur comment filmer esthétiquement ce qui ne peut l’être. A...

le 31 janv. 2024

1 j'aime

Critique de Portraits fantômes par Labassetosse

En fait dès que tu me montres des images style caméscope numérique des années 90 où tu racontes ta vie j’vais automatiquement kiffer

le 25 févr. 2024

1 j'aime