La Voyageuse
6.8
La Voyageuse

Film de Hong Sang-Soo (2024)

Iris et les Sud-Coréens !

Je serais bien incapable de dire quel message Hong Sang-Soo a voulu faire er à travers ce film. Mais, comme toutes les œuvres du réalisateur, derrière leur fausse apparente banalité, ça pousse à l'analyse, à l'interprétation.


Alors, on suit une professeure de français égarée en Corée du Sud, ne croulant pas sous la thune, qui enseigne à ses clients d'une drôle de manière, totalement dénuée de la moindre efficacité pédagogique, en leur parlant en anglais (d'ailleurs la grande majorité des dialogues sont dans la langue de Shakespeare !) et en les poussant, l'air de rien, à se confesser, en ayant recours, à chaque fois, à la même méthode.


Si la première moitié, lors de laquelle on enchaîne sur deux clients, aurait pu être un poil plus raccourcie, car trop encombrée (même pour un Hong Sang-Soo !) de trop de dialogues pas toujours utiles. En effet, la durée, d'une heure et demie, aurait pu être élaguée de dix à vingt minutes facilement, sans que la consistance des personnages en soit sacrifiée. Ce qui n'aurait détonné dans la filmographie du Monsieur qui, au cours de ses dix dernières années, ne s'est pas gêné, le moins du monde, pour mettre en scène des longs-métrages déant à peine une heure.


Heureusement que la deuxième moitié, lors de laquelle, on fait connaissance avec le jeune homme, chez lequel notre protagoniste squatte, est plus dynamique. On a même une séquence en l'absence du personnage principal, lors duquel on a le droit l'exposition d'un point de vue lucide sur lui, dans lequel il n'y a rien de policé par la moindre étiquette sociale.


Dans le rôle de notre branleuse-squatteuse, mais sans mauvaise intention (ce qui évite d'attirer l'antipathie sur elle !), nommée Iris, on a notre Isabelle Huppert nationale. Alors, je sais qu'elle avait déjà tourné avec le cinéaste deux fois auparavant, mais c'est juste que c'est la première collaboration entre elle et lui que j'ai vue (oui, étant donné qu'il est du genre à mettre en scène deux-trois films par an, c'est dur de tenir le rythme pour moi, sans parler de rattraper tout ce qu'il a tourné depuis ses débuts !). Ce qui fait que mon impression n'est basée que sur mon visionnage de leur troisième film en commun. Eh ben, elle, que je perçois souvent comme sèche et froide dans ses interprétations, est ici naturelle et pétillante ; ce qui aide à rendre son personnage attachant et à comprendre qu'on puisse s'y attacher. Et je dois bien avouer que ça participe pour beaucoup dans le charme que dégage le tout.



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le 4 févr. 2025

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Plume231

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