L'art du clown va bien au-delà de ce qu'on pense
« L'art du clown va bien au-delà de ce qu'on pense. Il n'est ni tragique ni comique. Il est le miroir comique de la tragédie et le miroir tragique de la comédie. » - André Suarez
Un père veut éviter de montrer les ravages de la guerre à son p'tit bonhomme, c'est grâce à sa bonne humeur communicative qu'il installe une ambiance décontractée, dissimulant une réalité bien plus sombre. A travers l'inconscience d'un enfant, Roberto Benigni aborde un sujet délicat, il ose et c'est à saluer, malgré que ce soit répréhensible selon les divergences de chacun.
Les plus déroutés d'entre nous trouverons les propos limitent, non loin de la mièvrerie de pacotille qui fait usage de sensibilisme, mais ce n'est que très rarement bancal, et surtout, c'est la détermination du père dans ses intentions qui font pencher le récit vers le burlesque, à noter quand même des maladresses pour lesquels il serait présomptueux de rouspéter. Ce n'est pas un divertissement à but documentaire, toutefois j'ai ressenti un sentiment d'embarras, je me suis demandé à moult reprises si ce type de cadre était "filmable" et si il pouvait se transposer dans une fiction.
Très sentimental et toujours d'une justesse éloquente, mais ne sachant point se jouer complètement de la dureté implacable de cette période tragique de l'humanité, La Vie est belle frôle le pathétique pour mieux servir l'aspect fabuliste et s'en détacher. Cette retranscription des camps de concentration est chose rare. Benigni est parfait dans son personnage de clown, les mensonges qu'il dit à son fils ne sont qu'un moyen de le préserver du danger moral, et il y arrive de par son inventivité et son audace pendant des situations qui ne s'y prêtent pas forcément... mais c'est ce qui renforce l'attrait du film, la cohésion entre le rire et l'horreur.