A la vue du matraquage récurrent des immondes publicités Comme J'Aime, celles où il ne faut pas oublier le « point fr », sur n'importe quelle chaîne de télévision, s'il y a bien encore une chasse autorisée en , c'est celle des gros.
Il est dès lors un peu difficile d'aborder La Vie, En Gros sans apriori sur le sujet, sans doute coincé entre une morale un brin démago et la volonté louable de sensibiliser.
Le film n'évite pas tous les pièges qui lui sont tendus, avec par exemple une scène à la Rocky, reprise de la musique de Bill Conti incluse, ou encore une chanson finale assez naïve dans son propos.
Alors que jusqu'à cette dernière ligne droite, La Vie, En Gros, se montrait plutôt moins naïf qu'attendu et plutôt efficace dans son appréhension de l'ensemble des problèmes qu'il aborde. Car l'oeuvre ne se limite pas, loin de là, à cette question du surpoids, mais de manière bien plus générale, se penche sur l'âge charnière de l'entrée dans l'adolescence, dans cette fin de l'innocence parfois abrupte. Quand, le temps d'un été, tout a changé, à commencer par la perception des autres. Même son corps, Même son environnement.
Et si Benjamin est à l'évidence un joyeux gamin avec un bon coup de fourchette, on se rend compte aussi qu'il somatise la séparation de ses parents, l'irruption d'une nouvelle belle-mère, les remarques pas très fines de ses professeurs ou encore les moqueries dont il est victime, jusqu'à une certaine forme de harcèlement. Jusqu'à perdre pied.
Il doit aussi composer avec le poids qui pèse sur son cœur : celui du premier amour, si beau et délicat mais par définition inaccessible.
La sensibilité déployée par Kristina Dufkova, la réalisatrice, fait plaisir à voir, tout comme sa manière d'embrasser assez subtilement les troubles adolescents, la manière d'encaisser les railleries de ses congénères ou encore les maladresses d'adultes tour à tour cruels et désemparés.
Tandis que la direction artistique apporte un léger sentiment de décalage avec ses caricatures, le mélange d'animation en volume et traditionnelle soulignant l'onirisme de certaines séquences, ou encore l'aspect naïf des visages, qui pourra faire penser à une version un tout petit peu plus adulte de Ma Vie de Courgette.
La musique, elle, devient le véritable baromètre des émotions de Ben, rappelant au age sa deuxième ion, son groupe de rock et son talent d'écriture, lui permettant de ne pas être uniquement identifié par son poids et son écart de la norme.
Evitant le plus souvent les stéréotypes, La Vie, En Gros, à la lisère du teen movie, se montre la plupart du temps juste et touchant, sans jamais enjoliver les difficultés liées à son propos.
L'oeuvre démontre aussi, avec La Palme de la Vengeance et Mémoires d'un Escargot, toute la vitalité de la stop motion en 2025 et son appétence pour les sujets loin d'être évidents ou sexy au premier abord.
Behind_the_Mask, qui n'est pas resté sur sa faim.