Avec "La Venue de l’avenir" (titre un peu ronflant), Cédric Klapisch retrouve les motifs qui ont forgé tout son cinéma : un titre évocateur, une galerie de personnages bigarrés, un montage dynamique et cette candeur solaire qui lui est propre. Un optimisme sincère, jamais naïf.
Après s’être intéressé récemment aux vignobles bourguignons ("Ce qui nous lie", 2017) et à la danse ("En corps", 2022), Klapisch plonge cette fois dans l’impressionnisme, offrant au spectateur une immersion dans l’univers de Monet, des musées d’Orsay et de Giverny.
Et le voilà invité à Cannes en 2025 pour la première fois de sa carrière avec ce film !
(Hors compétition, il ne faut pas exagérer tout de même !)
Le film oppose un monde marchand stéréotypé (incarné par un directeur artistique caricatural) à celui des artistes purs, sensibles, comme si la création ne pouvait exister qu’en dehors des contingences économiques. La démonstration un peu simpliste frise parfois le cliché, et l’on peine à distinguer, dans les images mêmes du film, la frontière entre « l’art » et le « commerce » qu’il entend dénoncer.
Autre opposition binaire: celle entre les merveilles d’hier (l’électricité illuminant la tour Eiffel) et les smartphones omniprésents d’aujourd’hui, objets de railleries bien peu subtiles. Le film cultive une forme de nostalgie esthétique, suggérant que ce qui était sublime chez Monet (le port du Havre) serait aujourd’hui laid. Cette vision, aussi séduisante soit-elle, ignore les beautés contemporaines, comme si le présent ne pouvait être sauvé que par le é. La morale du film, énoncée par l’un des personnages, est qu’il faut « apprendre du é pour affronter l’avenir ». Mais que nous transmet-il, au fond ? Non pas une leçon de vie, ni même une réflexion sur l’art, mais plutôt l’idée que le patrimoine est en soi une valeur suffisante.
En définitive, "La Venue de l’avenir" séduit par son énergie, sa galerie de personnages attachants et son de hommage sincère à l’impressionnisme. Mais là où Klapisch excellait autrefois dans la légèreté profonde ("Chacun cherche son chat", "L’Auberge espagnole"), il semble ici enfermé dans un discours trop appuyé, presque scolaire. Le film manque de la subversion qui faisait le charme de ses premières œuvres. Reste cette candeur solaire, intacte, qui sauve l’ensemble et qui distille un délicieux parfum de nostalgie.