Attack the Cash Station

‘La Traque’ est un film qui vit à crédit. En gros, c’est l’histoire de 4 petites frappes, en cavale avec un gros sac de fric, poursuivis par un Robert Mitchum aux allures de T-800. "Chaque nuit, ils deviennent ses proies." Ça vous rappelle un truc ? Le titre initial du film était ‘la nuit du chasseur’. Mais ce n'est pas le seul emprunt. « Alors, c’est 4 jeunes désœuvrés qui commettent un braquage dans une Corée sans horizon ni MJC, giflée par la crise et le FMI » ce pitch du turfu me rappelle furieusement un synopsis du é. Yoon Sung-Hyun fait donc du neuf avec du vieux, et retrouve ainsi la recette démodée de "l'instant classic". A partir de là, peu importent nos opinions, car seul le temps jugera vraiment Time to Hunt.

Une intrigue réduite à son high concept, des personnages écrits tous pareils (à 2 skins près) et des dialogues stéréotypés : voilà clairement un film qui ne raconte pas ce qu'il peut montrer. Or fermer sa gueule quand on peut montrer des trucs, est le critère d'un bon film (un bon film pulp en l'occurence). En fait, c’est tellement inattendu de voir un réal classé "auteur" (La Frappe, 2010) qui bascule comme ça, dans le genre, que c’est enthousiasmant pour la suite [Edit 2025 : on connaît désormais la suite ! une Zom-com symétrique]. L'espoir de plus de films de genre pulp, comme en réalise Kim Joo-hwan ? Il faudrait qu'à l'instar des dramas, le cinéma adapte plus les webtoons qui s'empilent sur Naver, sans lecteurs occidentaux. Time to Hunt est é au Berlinale de Février (est-ce que les pays coupés en deux se comprennent mieux entres eux ?). La prod s'est même payée le luxe d'un mexican stand-off judiciaire avec Netflix, alors que ce dernier annonçait fièrement son nouveau partenariat pour accroître le contenu coréen sur la plateforme : le film partage la même audace que ses héros. J’attends de voir dorénavant les réactions des alliés d’hier : le Monde, Télérama et l’Obs publieront-ils une nouvelle fois un bon papelard sur Yoon Sung-Hyun ? J'espère bien, ce serait dommage de ne pas saluer ce qui s’apparente à un néo-giallo coréen quand même.