La Tour de Londres est un remake du film homonyme tourné par Rowland V. Lee en 1939. En 1962, Roger Corman avait prouvé son savoir-faire gothique, notamment dans la série de films adaptés de l'oeuvre de Edgard Poe. Quand on lui propose La Tour de Londres, il y voit l'occasion de s'essayer au film "historique" (même si cette histoire est tirée d'une pièce de Shakespeare, sans réel fondement historique). Il s'entoure de son acteur fétiche Vincent Price et de son frère Gene à la production. Quelques semaines avant le tournage, il apprend que le film sera tourné en noir et blanc alors qu'il était initialement prévu en couleurs. Les raisons en sont budgétaires car cela permet de récupérer des scènes tournées dans le film de 1939 (notamment la bataille finale). Avec le recul, je crois que cette décision est un bienfait pour ce film qui présente une photographie magnifique. Le scénario est librement adapté de l'oeuvre initiale mais parvient à garder l'esprit de son génial auteur, notamment par une approche particulière de la morbidité. On ressent fortement par les dialogues et les situations que l'histoire est adaptée d'une pièce. Vincent Price nous livre une prestation éblouissante dans un rôle de parfait salopard tiraillé par les fantômes de ses victimes. Sa voix nasillarde fait merveille et rend encore plus malfaisant son personnage bossu et intriguant. Roger Corman nous prouve qu'il est un metteur en scène efficace et même doué. Le scénario ose nous faire assister à deux assassinats d'enfants, ce qui est tout de même rare pour un film de cette époque. Les effets spéciaux, essentiellement liés aux apparitions de fantômes, sont simples mais efficaces. Les décors gothiques sont très beaux et mis en valeur par une très belle photographie et des cadrages étudiés. Les 80 minutes du film sont un petit régal pour l'amateur de vieux films gothiques classiques.